L’allaitement peut-il réduire le risque cardiaque chez les mères?

La nouvelle chaire de recherche de Cœur + AVC pourrait apporter d’importantes réponses.

Dre Natalie Dayan

Les effets de la grossesse perdurent après l’accouchement, spécialement lorsqu’il s’agit de la santé cardiaque. La Dre Natalie Dayan, professeure adjointe en médecine à l’Université McGill et directrice en médecine obstétrique à la Division de médecine générale interne du Centre universitaire de santé McGill, étudie comment des problèmes cardiaques survenus durant la grossesse peuvent parfois affecter les femmes durant toute leur vie.

« Mon principal objectif est d’améliorer la santé cardiaque des femmes ayant développé des complications durant la grossesse », affirme la Dre Dayan.

 La toute première chaire cofondée par l’Université McGill et Cœur + AVC pour les chercheurs en début de carrière sur la santé cardiaque des femmes a été octroyée à la Dre Dayan. La bourse financera la dernière étude de la chercheuse, laquelle porte sur les effets de l’allaitement sur la santé des femmes qui ont connu des complications cardiaques au cours de leur grossesse.

L’équipe de recherche suivra environ 350 femmes qui ont souffert de problèmes tels que l’hypertension gestationnelle (une pression artérielle élevée) ou la prééclampsie, qui implique à la fois une pression artérielle élevée et des lésions à des organes comme les reins ou le foie.

 L’étude s’appuie sur une recherche précédente qui démontre que l’allaitement a des effets positifs sur la santé des femmes, et contribue même à diminuer la pression artérielle. La Dre Dayan veut maintenant savoir si l’allaitement peut aider ces femmes immédiatement après la grossesse et également des années plus tard.

Les risques après la grossesse

En tant que chercheuse clinicienne, la Dre Dayan voit constamment des femmes dans cette situation à son cabinet. Elle sait que leur risque de développer une maladie du cœur ou de subir un AVC au cours de leur vie est alors doublé. Quoique leur risque absolu d’avoir une grave maladie du cœur ne dépasse pas les 3 %, « il s’agit de jeunes femmes, mères d’enfants en bas âge; c’est donc quelque chose que nous voulons éviter ».

On renvoie souvent ces femmes chez elles avec des conseils pour changer leur mode de vie. La Dre Dayan affirme que ce n’est pas suffisant : elles ont un nouveau-né, un emploi et une vie familiale prenante, et nombre d’entre elles auront un autre bébé peu de temps après. De plus, ajoute-t-elle, nous ne disposons d’aucune donnée probante pour nous guider dans la prévention des maladies cardiovasculaires par la médication pour ce groupe. « Les lignes directrices ne correspondent pas à cette population et s’appuient en réalité sur ce que nous savons concernant des femmes plus âgées et des hommes. »

La Dre Dayan souhaite mettre en place des outils préventifs concrets pour ces mères.

Son équipe suivra les mères sélectionnées, trois, six et douze mois après leur accouchement, puis pendant dix à quinze années grâce aux dossiers de santé électroniques. Il existe un réel manque de données prospectives sur le long terme, et ces informations peuvent se révéler essentielles pour les femmes qui sont à risques.

Les résultats à court terme indiqueront si le fait d’allaiter peut dilater les vaisseaux sanguins en permettant la circulation d’hormones telles que l’ocytocine. Les données sur le long terme aideront la Dre Dayan et son équipe d’identifier les effets durables de l’allaitement, et lesquelles de ces femmes sont les plus à risques de développer des problèmes cardiovasculaires.

Un soutien novateur à l’allaitement

Certaines femmes de l’étude recevront un soutien particulier pour l’allaitement de la part du personnel infirmier, avec pour objectif de les aider à gagner en confiance et également à résoudre des problèmes pratiques comme la mise au sein du bébé.

« Nous évaluerons si cette intervention améliore les pratiques d’allaitement de ces femmes, et si cela permet de diminuer leur pression artérielle ou la nécessité d’une médication pour contrôler cette dernière douze mois après l’accouchement », explique la Dre Dayan.

Elle pense que les complications qui surviennent lors d’une grossesse peuvent avoir des effets plus importants sur la santé des femmes, et que les dispensateurs de soins pourraient bientôt considérer ces complications comme des signes avant-coureurs de futurs problèmes de santé. « La grossesse est comme une épreuve d’effort. C’est ce que nous sommes de plus en plus amenés à comprendre. »