Un AVC pendant la grossesse

Exténuée et concentrée sur son nouveau-né, Eva n’a pas réalisé qu’elle présentait des signes de l’AVC
Eva and her son

Eva et son fils, Yiannis, maintenant âgé de 6 ans.

Eva Apatsidou Maragkakis était ravie d’attendre son premier enfant à l’âge de 35 ans.

Mais lorsqu’elle a donné naissance à son fils, elle a eu l’impression que quelque chose n’allait pas. Elle a ressenti une pression dans sa tête; elle a présumé qu’il s’agissait d’un symptôme lié à l’accouchement et à l’épidurale.

Une fois à la maison, alors qu’elle apprenait à allaiter son nouveau-né, son violent mal de tête a persisté. Elle se sentait extrêmement fatiguée. Son bras est devenu faible. « J’avais l’impression que j’allais échapper mon bébé », se rappelle-t-elle. Elle a continué de prendre les médicaments contre la douleur qu’on lui avait prescrits à l’hôpital.

« Personne ne m’a dit que je ne devais prendre les comprimés que pendant quelques jours. Alors, deux semaines plus tard, je les prenais toujours, mais pas pour la douleur vaginale. C’était plutôt pour mes maux de tête. »

Elle avait également des troubles de la vision et de la parole. « J’avais de la difficulté à lire. Puis, un soir, tout en devenu blanc. »

Son mari l’a amenée au service des urgences. « Dès qu’il a expliqué au personnel de l’hôpital que je venais d’accoucher, j’ai été admise et on a pris ma pression artérielle. »

Les tests d’imagerie cérébrale ont révélé qu’elle avait subi un AVC.

Risque accru d’AVC pendant la grossesse

Environ 30 femmes sur 100 000 subissent un AVC pendant leur grossesse. Une atteinte peut se produire à toute étape de la grossesse, mais le risque est plus élevé juste avant et après l’accouchement.

« Je connais mon corps et je savais que quelque chose n’allait pas, mais j’étais perplexe. »

Eva Apatsidou Maragkakis

« Les femmes enceintes présentent un risque accru d’AVC, mais il est important de souligner qu’il est tout de même très faible », explique le Dr Richard Swartz, le neurologue spécialisé en AVC qui a soigné Eva. Il est directeur de l’Unité de recherche sur l’AVC au Sunnybrook Health Sciences Centre de Toronto.

En 2017, il a corédigé une étude financée grâce aux donateurs de Cœur + AVC qui a révélé que l’AVC est trois fois plus fréquent chez les femmes enceintes que celles non enceintes du même âge. Selon le Dr Swartz, de nombreuses femmes ont des maux de tête et se sentent fatiguées après l’accouchement, mais la persistance et l’aggravation des symptômes d’Eva (en particulier sa faiblesse, son trouble de la vision et sa difficulté à parler) sont caractéristiques de l’AVC. Il est important que les femmes agissent et qu’elles demandent de l’aide si elles ressentent des symptômes inhabituels qui persistent.

« Je connais mon corps et je savais que quelque chose n’allait pas, mais j’étais perplexe, raconte Eva. J’étais fatiguée et j’essayais de me concentrer sur mon bébé. Les femmes doivent connaître les signes de l’AVC, tout comme leur entourage. »

Comprendre les facteurs de risque

D’autres études sont nécessaires pour mieux comprendre pourquoi les femmes enceintes sont plus susceptibles de subir un AVC. Selon les premières indications, la prééclampsie et l’éclampsie – des troubles survenant pendant la grossesse qui se manifestent par une pression artérielle élevée et d’autres symptômes – sont les facteurs de risque les plus importants, responsables de près de la moitié de tous les AVC qui surviennent pendant cette période.

Ces conditions exposent les femmes au risque de subir un AVC ou de développer une maladie du cœur plus tard au cours de leur vie et doublent celui de mourir prématurément de ces affections.

Cependant, il est actuellement difficile de prévoir avec exactitude quelles femmes atteintes de prééclampsie sont très susceptibles de subir un AVC. Dans le cas d’Evangelia, sa pression artérielle était normale jusqu’à l’accouchement.

Au-delà du rétablissement

Eva a continué de consulter le Dr Swartz régulièrement pendant l’année qui a suivi son AVC et a pris des médicaments pour stabiliser sa pression.

Aujourd’hui, six ans plus tard, Eva est en forme. Les médecins surveillent étroitement sa pression artérielle et d’autres facteurs de risque. Elle travaille à temps plein comme architecte, et ne souffre d’aucune paralysie. Elle a cependant remarqué quelques changements dans ses habiletés cognitives.

« J’avais toujours été très bonne en mathématiques; je pouvais calculer très rapidement. Maintenant, lorsque mon fils me pose une question mathématique, je dois m’arrêter, me concentrer et revérifier ma réponse pour m’assurer qu’elle est bonne. »

<p>Eva et sa famille, peu de temps après la naissance d’Yiannis.&nbsp;<br></p>

Eva et sa famille, peu de temps après la naissance d’Yiannis. 

Bien que leur fils soit heureux et en santé, Eva et son mari ont décidé de ne pas prendre le risque d’avoir d’autres enfants. « Il est plus important pour nous d’être ensemble que d’avoir un deuxième enfant », explique-t-elle.

Quant au Dr Swartz, il travaille avec Cœur + AVC pour publier un énoncé de consensus basé sur les données actuelles afin d’aider les médecins, les infirmiers et les professionnels de la santé à savoir comment soutenir les femmes qui ont un AVC pendant leur grossesse, et celles qui décident d’avoir d’autres enfants après un AVC.

Le Dr Swartz insiste également sur l’importance de la collaboration entre les spécialistes de l’AVC et les experts en obstétrique et en fœtologie, qui est nécessaire pour assurer la santé des mères comme Eva et des bébés.

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