Signes d’une crise cardiaque souvent inaperçus chez les femmes

Les médecins disaient à Nancy que c’était des brûlures d’estomac qui causaient ses douleurs thoraciques
Woman walking a dalmatian

En promenant son chien Marley dans un sentier près de chez elle à Kamloops, en Colombie-Britannique, Nancy Bradley a ressenti de la douleur à la poitrine, au bras et à la mâchoire. Elle était alors persuadée que son heure était venue. 

Elle reconnaissait très bien les signes d’une crise cardiaque : son père, son frère cadet et deux sœurs aînées avaient tous souffert de crises cardiaques et d’angines de poitrine

« Mes symptômes étaient identiques à ceux de mon frère. J’avais beaucoup de difficulté à respirer, et mes jambes avaient tout simplement cessé de fonctionner. » 

Ne voulant courir aucun risque, elle s’est rendue à l’hôpital Royal Inland, situé à 10 minutes de chez elle. Toutefois, en juillet 2017, l’hôpital de Kamloops était très achalandé en raison des feux de forêt en Colombie-Britannique. Ainsi, à son arrivée au service des urgences, Nancy s’est retrouvée dans une salle d’attente bondée. 

Ayant décrit ses symptômes au triage, Nancy a reçu deux comprimés d’aspirine par prévention, puis a pris place dans la salle d’attente. Une heure plus tard, on lui a passé un électrocardiogramme (ECG) pour examiner son cœur. Lorsqu’elle a été vue par l’urgentologue, la douleur avait disparu. 

Malgré tout, elle a été surprise du diagnostic du médecin : il lui a dit qu’elle avait souffert d’un grave brûlement d’estomac. 

« Je lui ai répondu que ça ne ressemblait pas à ça. C’était plutôt comme si une personne de 200 kg s’était assise sur ma poitrine. Quelque chose n’allait pas avec mon cœur. » 

Pourtant, les analyses sanguines et l’électrocardiogramme de Nancy ne montraient rien d’anormal. Le médecin lui a alors proposé de repasser des tests six heures plus tard, mais lui a néanmoins affirmé qu'ils seraient sans doute non concluants. Ayant déjà passé cinq heures à l’hôpital, Nancy est rentrée chez elle à contrecœur. Au cours des deux semaines suivantes, quand la douleur revenait, elle prenait des antiacides. 

J’invite les femmes à persévérer. 

Nancy Bradley

Le 12 août, Nancy parcourait à nouveau les sentiers isolés avec Marley quand la douleur l’a violemment envahie.

Elle s’est empressée de fouiller dans sa poche pour prendre son téléphone et composer le 9-1-1, mais s’est rapidement aperçue qu’elle l’avait laissé chez elle. 

« La sueur perlait au bout de mon nez, je ressentais de la douleur à la mâchoire et à mon bras gauche, et j’avais de la difficulté à respirer. Je me disais qu’il fallait que je réussisse à me rendre chez moi; autrement, j’allais mourir seule sur ce sentier avec mon chien. » 

Nancy est rentrée péniblement : une marche qui aurait dû lui prendre 5 minutes en aura duré 40. À leur arrivée, les ambulanciers ont tout de suite reconnu une crise cardiaque. Ils ont averti l’hôpital pour qu’une équipe se prépare à prendre Nancy en charge. 

Au service des urgences, une échographie a révélé que le cœur de Nancy était irrémédiablement endommagé : il battait anormalement, et une artère gauche était bloquée à 95 %. On lui a alors posé une endoprothèse pour ouvrir son artère. 

Comme les feux de forêt estivaux ont engorgé les hôpitaux de gens aux prises avec des troubles respiratoires et cardiaques, Nancy n’a toujours pas vu un spécialiste et ne connaît pas non plus l’ampleur des lésions à son cœur. 

Malheureusement, les histoires comme celle de Nancy sont trop courantes. Des études montrent que les femmes sont moins susceptibles que les hommes de recevoir les soins d’un cardiologue ou des traitements actifs. 

Nancy espère que son récit aidera d’autres femmes à reconnaître les signes d’une crise cardiaque et à défendre leurs intérêts. 

« J’invite les femmes à persévérer. Vous connaissez votre corps; faites confiance à votre instinct. À bien y penser, j’aurais dû insister auprès de l’urgentologue à ma première visite à l’hôpital. Je savais que quelque chose n’allait pas avec mon cœur. Je le sentais. »