Isabelle Brasseur encourage les femmes à prioriser leur santé cardiaque

La double médaillée olympique dit être la preuve vivante que personne n’est à l’abri des maladies du cœur
Isabelle Brasseur

Isabelle Brasseur a perdu ses deux parents en raison des maladies du cœur et de l’AVC.

Malgré cela, comme bien d’autres femmes, elle ne croyait pas être elle-même à risque. C’était avant d’apprendre qu’elle était atteinte d’une cardiopathie congénitale. Son affection, appelée syncope vasovagale, peut entraîner l’arrêt des battements de son cœur en cas de stress extrême.

Lorsqu’Isabelle a accouché de sa fille, Gabriella, son cœur a cessé de battre pendant 31 horribles secondes. Les gestes posés rapidement par les médecins dans la salle d’accouchement ont permis de sauver la mère et l’enfant.

Aujourd’hui, Isabelle est de retour sur la glace et entraîne de jeunes athlètes. Fervente défenseure de la santé des femmes, elle raconte son histoire afin d’aider celles-ci à mettre leur santé cardiaque en tête de leurs priorités. 

 

Quel âge aviez-vous lorsque vous avez découvert que vous étiez atteinte d’une cardiopathie congénitale? 

J’avais 27 ans. Avant cela, nous nous demandions toujours quel était le problème, car lorsque j’étais plus jeune, la maladie me faisait perdre connaissance. Or, puisque je m’entraînais beaucoup, les médecins croyaient qu’il s’agissait d’hypoglycémie. Je me souviens qu’ils me recommandaient de toujours garder un jus d’orange à portée de main.

 

Y a-t-il un moment où vous avez réalisé que c’était plus grave que cela?

J’étais à Chicago pour une tournée de patinage artistique avec mon mari (Rocky Marval, patineur olympique en couple et deux fois champion national américain). Quand je me suis réveillée, je ne me sentais pas bien du tout, jusqu’à ce que je m’évanouisse et que je tombe en convulsion. On m’a donc amenée d’urgence à l’hôpital. À ce moment-là, les médecins croyaient que je souffrais d’épilepsie. Je répétais à mon mari : « Ils n’écoutent pas tous les détails de mon histoire. » Il aura fallu huit mois et de nombreux médecins avant qu’on diagnostique finalement ma maladie.

 

De quelle façon prenez-vous soin de votre santé aujourd’hui?

Au fil des années, j’ai découvert certains des éléments déclencheurs de mes évanouissements. Je dois toujours être hydratée et bien reposée. Je prends des médicaments (des bêta-bloquants) qui aident à contrôler les battements de mon cœur. J’évite les situations qui risquent de faire augmenter mon rythme cardiaque. Désormais, quand quelqu’un raconte une histoire ou regarde un film avec des détails choquants, je m’en vais.

Toutefois, il n’y a aucun moyen d’éviter complètement que le trouble se manifeste. Au fond de moi, je ressens toujours une légère peur que cela se reproduise. J’essaie quand même d’être optimiste et de croire que tout ira bien. Même si je reste sur mon divan, cela pourrait se produire, alors aussi bien profiter pleinement de la vie.

 

Les maladies du cœur sont une des principales causes de décès chez les femmes au pays, mais nombreuses sont celles qui l’ignorent. Qu’aimeriez-vous leur dire?

Je crois qu’il est vraiment important que vous soyez conscientes que cela peut vous arriver. Si vous pouvez faire quoi que ce soit pour empêcher cela, faites-le. N’hésitez pas.

Nous, les femmes, sommes très occupées avec les enfants et le travail; nous nous plaçons en dernier sur notre liste de priorités. Pourtant, les maladies du cœur n’affectent pas seulement les hommes. Il a été prouvé qu’autant de femmes que d’hommes en souffrent. Nous devons vraiment garder les yeux ouverts et prendre les choses en main.

 

Compte tenu de vos antécédents familiaux, la santé de votre fille vous préoccupe-t-elle?

Elle me préoccupe assurément, d’autant plus que les maladies du cœur sont aussi présentes dans la famille de mon mari. Tout comme mon père, celui de Rocky est décédé d’une crise cardiaque. Gabriella est bien consciente des risques auxquels elle est exposée, mais elle est fantastique. Elle nous surveille toujours, Rocky et moi. Elle me demande parfois : « As-tu fait examiner ton cœur dernièrement? »

Aussi, elle s’intéresse beaucoup à la nutrition. Elle a maintenant 17 ans, et elle cuisine davantage. J’adore les croustilles; si elle me voit en manger trop, elle me dira, par exemple : « J’ai coupé des fraises, en veux-tu? »

 

Gabriella est en voie de devenir une patineuse artistique d’élite en couple, comme sa mère. Qu’est-ce que cela représente pour vous?

C’est formidable! Je me trouve choyée d’être ici et de la voir devenir une fabuleuse jeune femme. Je sais que peu importe ce que la vie met sur son chemin, elle réussira.

 

<p>Isabelle Brasseur patine avec sa fille Gabriella. </p>

Isabelle Brasseur patine avec sa fille Gabriella.

 

Pourquoi la recherche financée par Cœur + AVC est-elle importante pour vous?

Il y a 30, 40, 50 ans, nous n’avions pas les ressources nécessaires pour soutenir la recherche qui est menée aujourd’hui. Lorsque j’enseigne le patinage artistique, je dis toujours que certains enfants n’apprendront peut-être qu’une seule chose de moi, mais que si je rends leur vie meilleure avec cette seule chose, j’aurai fait mon travail. Cela s’applique aussi à Cœur + AVC. Si, en apportant mon soutien, j’arrive à sauver une vie, je pourrai dire que j’ai aidé les gens autour de moi, que j’ai aidé la prochaine génération.

 

Quelle est l’importance des donateurs dans le financement de la recherche?

J’admire grandement toutes les personnes qui encouragent la recherche, peu importe comment. Ma maladie n’est pas facile à diagnostiquer. Il est possible que les donateurs de Cœur + AVC qui se sont impliqués dans cette cause avant moi ont rendu possible le diagnostic de cette maladie. Je les en remercie. La cause défendue par Cœur + AVC nous touche directement, ma famille et moi. J’ai une maladie du cœur et j’ai perdu des personnes que j’aime. J’aurais tellement aimé les avoir à mes côtés pour de nombreuses années encore et que l’on partage bien d’autres souvenirs.