Le rythme circadien affecte la guérison

Un rythme circadien et un sommeil perturbés après une crise cardiaque peuvent nuire au rétablissement. Voici comment la recherche peut y remédier.
Jeune homme de dormir dans le lit. Il est sept heures et quart du matin

Si vous avez déjà passé une nuit à l’hôpital, vous savez qu’il est presque impossible de dormir. Les machines bruyantes, les lumières vives et les fréquentes interruptions perturbent le rythme circadien de votre corps, votre horloge biologique qui réglemente les processus de votre corps qu’il soit malade ou en bonne santé.

Une étude dirigée par la Dre Tami Martino, directrice du Centre for Cardiovascular Investigations (Centre des recherches cardiovasculaires) à l’Université de Guelph en Ontario, révèle que la perturbation du rythme circadien et du sommeil dans les jours qui suivent une crise cardiaque peut compromettre le rétablissement à long terme.

Pour la plupart des gens, l’interruption du cycle circadien – au moins à court terme – n’est pas grave. Le décalage horaire et l’heure d’été perturbent l’horloge biologique, mais cette dernière se réajuste sans effets durables. Cependant, lorsque vous vous rétablissez d’un traumatisme physique comme une crise cardiaque, vous ne réagirez pas de la même façon.

Récemment encore, l’horloge interne biologique agissait comme un réveil et rien de plus. En réalité, c’est le centre de commandement : un planificateur principal qui coordonne chaque tâche biologique que le corps a besoin d’effectuer.

Les travaux d’entretien et les réparations ont lieu le soir. En cas de blessure, l’organisme déploie sa réponse immunitaire innée; une équipe de nettoyage biologique élimine les cellules mortes et les débris. Une perturbation du sommeil dans ces premiers jours empêche le système immunitaire de bien coordonner son travail.

Comme l’équipe de la Dre Martino l’a découvert dans une précédente étude expérimentale, cette perturbation initiale conduit à ce qu’elle a décrit comme un effet domino. Les débris ne sont pas correctement débarrassés dans la première étape de la réponse immunitaire, de sorte que les zones endommagées du cœur ne guérissent pas aussi bien qu’elles le pourraient. L’étude scientifique expérimentale a révélé que les cicatrices ont tendance à être plus grandes, le cœur se dilate, et cela peut entraîner une insuffisance cardiaque – affaiblissant la fonction de pompage du cœur.

Comment le sommeil nuit-il le rétablissement?

Le sommeil est essentiel au rétablissement, et ce n’est pas nouveau. Historiquement, les professionnels de la santé comme le Dr Eugene Braunwald, le père de la cardiologie moderne, ont constaté que perturber le sommeil des patients était une mauvaise idée. Mais ils ne disposaient pas des preuves pour le justifier.

Dans les années 1960, les premières unités de soins coronariens ont été créées pour regrouper les médecins et les ressources dont ils avaient besoin afin d’aider les patients qui avaient subi une crise cardiaque, explique la Dre Martino. Mais inconsciemment, ils ont créé un environnement qui a entraîné des troubles du sommeil et du rythme circadien.

Rénover les chambres d’hôpital n’est pas tout à fait pratique. Et ce n’est peut-être pas nécessaire. Dans la prochaine phase de son étude, financée par les donateurs de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, la Dre Martino étudiera comment cibler les réponses immunitaires qui sont déclenchées plus tard afin d’améliorer le rétablissement.

Jusqu’à maintenant, aucun traitement n’était disponible pour arrêter les dégâts causés par la perturbation du sommeil et du rythme circadien après une crise cardiaque. Toutefois, l’arrivée de nouveaux médicaments pourrait résoudre ce problème. La Dre Martino examinera si ces médicaments peuvent être utilisés pour réduire les troubles du rythme circadien et contribuer au processus sain de guérison cardiaque.

Les médicaments ne seraient nécessaires que dans les premiers jours du rétablissement, et s’ils sont efficaces, pourraient en fin de compte améliorer la guérison et réduire la progression de l’insuffisance cardiaque.