Une étude novatrice réduit le risque des femmes

De nouvelles conclusions révèlent que l’exercice durant la grossesse a des bienfaits pour les femmes et les bébés.
Dr Margie Davenport

La Pre Margie Davenport à l’Université de l’Alberta.

Si vous êtes enceinte ou planifiez l’être, la Pre Margie Davenport vous invite à continuer la marche, la nage, la musculation, le yoga, le vélo, la course – à bouger plus pour une meilleure grossesse.

Grâce à la générosité des donateurs de Cœur + AVC, la Pre Davenport a pu présider un groupe d’experts qui a passé trois ans à analyser les données scientifiques les plus récentes sur les répercussions de l’exercice durant la grossesse. L’issu de ce travail est l’édition 2019 des Directives canadiennes en matière d’activité physique pendant la grossesse.

Nous avons demandé à la chercheuse et professeure adjointe de kinésiologie à l’Université de l’Alberta ce que les conclusions tirées signifient concrètement pour les femmes, les bébés, les maladies du cœur et l’AVC.

Qu’avez-vous découvert à propos de l’exercice durant la grossesse?

Tout porte à croire qu’il est sécuritaire et bénéfique de faire de l’activité physique tout au long de la grossesse, et ce, tant pour les femmes que pour les bébés.

Plus précisément, nous avons observé chez les femmes actives durant leur grossesse une réduction de 40 % du risque de diabète de grossesse, d’hypertension gestationnelle et de prééclampsie.

Ces dernières atteintes sont graves et mettent en danger les femmes et les bébés. 

L’intensité des symptômes dépressifs et le risque de donner naissance à de gros bébés sont aussi considérablement plus bas chez les femmes faisant de l’exercice physique pendant leur grossesse.

Est-il dangereux de faire de l’exercice durant la grossesse?

Selon notre analyse, il n’y a pas un plus grand risque de fausse couche, d’avoir un tout petit bébé ou de naissance prématurée. Il s’agit de raisons pour lesquelles des femmes nous ont indiqué qu’il était peu probable qu’elles fassent de l’activité physique pendant leur grossesse.

Les directives établissent que l’exercice durant la grossesse est non seulement sécuritaire, mais aussi très bénéfique pour les femmes et les bébés.

Est-ce que les conclusions vous ont étonnée?

L’ampleur de la diminution des complications liées à la grossesse m’a surprise. 

Ces conclusions sont non négligeables puisque les femmes touchées par le diabète de grossesse, l’hypertension gestationnelle ou la prééclampsie présentent un risque élevé permanent de développer une maladie cardiovasculaire au cours de leur vie.

Le tabagisme augmente d’ailleurs ce risque. 

Est-ce que l’activité physique durant la grossesse a le potentiel de prévenir les maladies cardiovasculaires chez certaines femmes?

En réduisant le risque de développer les problèmes de santé associés à la grossesse, il est fort possible de réduire ou de retarder les atteintes cardiovasculaires chez les mères. Nous ne pouvons pas le confirmer encore, mais la recherche est prometteuse.

Qu’indiquent les directives?

Voici les recommandations principales :

  • Toutes les femmes qui ne présentent pas de contre-indications – c’est-à-dire qui n’ont aucune raison médicale de ne pas faire de l’exercice – devraient être physiquement actives durant leur grossesse, de la conception à la naissance.
  • Les femmes enceintes devraient faire au moins 150 minutes d’activité physique d’intensité moyenne par semaine pour obtenir des bienfaits significatifs sur le plan clinique et diminuer le risque de complications pendant la grossesse.
  • L’activité physique devrait être pratiquée au moins trois fois par semaine; les femmes enceintes sont toutefois encouragées à être actives tous les jours.
  • Les femmes enceintes devraient réaliser une variété d’exercices aérobiques et d’activités visant à renforcer les muscles. 
Alors, plus on fait d’exercice, mieux c’est?

Oui. Nous avons découvert qu’en augmentant le volume et la fréquence d’activité physique pendant la grossesse, les bienfaits sont plus grands. Même au-delà des 150 minutes par semaine recommandées, nous observons une réduction plus importante des complications.

Sait-on pourquoi l’impact de l’exercice est si grand? 

C’est difficile à dire; il y a tant de facteurs déterminants. Nous savons toutefois que l’activité physique durant la grossesse améliore la maîtrise de la pression artérielle et la santé des vaisseaux sanguins. 

De quelle façon les donateurs de Cœur + AVC ont-ils contribué aux conclusions?

Ma bourse nationale de nouveau chercheur, octroyée par Cœur + AVC, m’a permis de passer deux fois plus de temps sur mon étude, ce qui a mené à la publication des directives.

Quelles sont les prochaines étapes?

Je tenterai d’obtenir une autre subvention de Cœur + AVC pour mener une étude de suivi à long terme des effets de l’exercice physique durant la grossesse sur les femmes et les bébés.

Si, malgré un risque accru, les femmes ne développent pas de diabète de grossesse, d’hypertension gestationnelle ni de prééclampsie, quels seront les effets à long terme de cette activité physique sur la santé? Il s’agit d’une question qu’il sera nécessaire d’étudier.