« On m’avait dit une sinusite. »

Garima Dwivedi a fait un AVC. Un diagnostic précoce aurait-il changé la donne?
Garima Dwivedi, survivante d’un AVC

Garima Dwivedi n’a jamais de maux de tête. Alors, lorsqu’elle a commencé à avoir mal à la tête en allant chercher une amie à l’aéroport, elle était surprise. La douleur était si vive que Garima est allée voir sa médecin de famille au lieu de travailler. 

Sa médecin lui a diagnostiqué une sinusite et lui a prescrit des antibiotiques. 

La douleur a continué toute la nuit, si bien que Garima est restée à la maison le lendemain. Cet après-midi-là, lorsque son fils est revenu de l’école, il l’a trouvée en pleine crise d’épilepsie. Sa fille est rentrée à la maison peu après et a conduit Garima au centre de consultation sans rendez-vous. 

Garima prononçait des paroles insensées alors qu’elle tentait de répondre aux questions du médecin qui l’avait reçue. Elle a été transportée à l’hôpital en ambulance.

<p>Garima avec sa fille, Ila</p>

Garima avec sa fille, Ila

Après avoir passé une imagerie cérébrale, elle a immédiatement été transférée dans un autre hôpital, avec un centre de soins de l’AVC. Le saignement dans son cerveau était dû à un AVC. 

La promesse d’une vie

L’AVC a touché la partie de son cerveau responsable du langage. Garima a donc commencé son rétablissement en réapprenant à écrire. On lui a prescrit des anticoagulants, ce qui a eu une incidence sur ses menstruations. Les saignements constants l’ont obligée à recevoir plusieurs transfusions parce que son taux de fer était très bas. Un mal de tête de faible intensité persistait la plupart du temps. 

Neuf ans plus tard, Garima s’est rétablie, à l’exception de ce qu’elle qualifie de « petites choses » : des mots manquants quand elle est fatiguée, un léger affaissement du côté droit de son corps, et la difficulté à se souvenir des noms dans sa première et sa troisième langue, l’hindi et le français, qu’elle n’utilisait pas beaucoup pendant les premiers jours et mois de son rétablissement. 

À part les difficultés qu’elle éprouve parfois lorsqu’elle parle, Garima croit qu’elle se porte mieux, et elle s’estime chanceuse d’avoir récupéré jusqu’à maintenant. « La situation aurait pu être bien pire », pense-t-elle.

Un aspect indispensable de son rétablissement a été la promesse qu’elle s’est faite à elle-même de s’impliquer et de sensibiliser la population à l’AVC pour aider d’autres femmes : « J’ai pris la décision, après l’AVC, de donner de mon temps et de changer les choses. » 

Garima a pris la parole à la conférence du Partenariat canadien pour le rétablissement de l’AVC quelques mois seulement après son AVC et a fait partie du groupe consultatif communautaire. « Je veux que les femmes connaissent les signes de l’AVC et qu’elles sachent que cette affection ne touche pas que les hommes ou les personnes âgées. 

Se reconnaître dans l’histoire de quelqu’un d’autre peut tout changer, explique-t-elle. En tant que femmes, nous sommes tellement occupées que parfois, nous n’avons pas le temps de raconter notre histoire. Mais c’est important que nous le fassions. »

La recherche est la clé

C’est un fait :  les deux tiers des études cliniques sur les maladies du cœur et l’AVC étaient axés sur les hommes. Garima veut que cette statistique change. « S’il y avait plus de travaux de recherche sur l’AVC chez les femmes, peut-être qu’on découvrirait qu’il se manifeste différemment chez celles-ci. Et nous pourrions aider plus de femmes, plus tôt. »

Avec le recul, Garima n’est pas certaine que l’AVC qu’elle a subi aurait pu être détecté. Au début, elle ne présentait aucun des signes les plus courants que nous connaissons aujourd’hui; elle était capable de conduire, de parler et de lever les deux bras normalement.

Elle n’avait pas d’antécédents d’AVC; la sinusite était un diagnostic plausible. « Nous sommes dépendants du système, affirme-t-elle. Nous croyons ce qu’on nous dit ». 

Néanmoins, elle se pose des questions. Avec plus de recherche et plus de sensibilisation, l’AVC aurait-il pu être reconnu la veille du diagnostic? Garima aurait-elle été conduite directement au centre de soins de l’AVC au lieu d’y être transférée plus tard?

Quelles que soient les conséquences pour sa propre situation, elle croit que des travaux de recherche approfondis transformeront la vie des femmes.