La stratégie de Cœur + AVC pour une population en meilleure santé

Un nouveau plan à l’écoute des personnes touchées par les maladies du cœur et l’AVC.
Groupe souriant de personnes parlant ensemble à l'extérieur

Les orientations stratégiques établies par Cœur + AVC guideront l’organisme dans ses activités jusqu’en 2025. Yves Savoie, chef de la direction, explique ce qui est en jeu ainsi que l’importance d’avoir défini des priorités pour obtenir des résultats.

En quoi consiste la stratégie?

Elle consiste à maximiser notre impact sur la vie des gens de partout au pays. Cela signifie améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec une maladie du cœur ou les séquelles d’un AVC, réduire les facteurs de risque en amont et, ultimement, prolonger la vie et réduire la mortalité.

Nous avons une bonne idée de ce qui doit être fait. Le titre du plan stratégique, Du savoir à l’action, exprime la nécessité de mettre en application une partie de ce savoir, que ce soit dans le système de santé, dans les politiques ou dans nos décisions individuelles et familiales.

Pour ce faire, nous mettons l’accent sur deux champs d’action qui peuvent changer la donne.

Le premier consiste à traduire les données issues de la recherche en avantages pour la population. Il s’agit de mettre en œuvre des changements pour offrir des solutions réelles et concrètes qui améliorent notre vie.

Le deuxième se concentre sur des changements systémiques, c’est-à-dire des changements qui possèdent un effet de levier. C’est comme lorsque vous déplacez une grosse pierre dans le jardin; vous utilisez parfois un panneau de contreplaqué pour mettre votre poids derrière celui-ci. Vous créez un levier pour vous aider à déplacer quelque chose qui serait trop difficile à bouger directement.

Voilà le type d’effet de levier que nous recherchons en concentrant nos énergies sur des moyens qui maximisent notre impact.

Prenons l’exemple du vapotage. Nous pouvons, en tant que parents, discuter du sujet avec nos adolescents; cela aurait un effet certain.

Toutefois, en s’assurant que les dépanneurs ne peuvent pas faire la publicité ou la promotion de produits de vapotage à la caisse, il y aurait un plus grand effet parce que celui-ci serait systémique.

Cette façon de voir les choses est l’un des points forts de Cœur + AVC depuis de nombreuses décennies. Dans le cadre de ce plan, les choix stratégiques misent davantage sur les changements systémiques que sur les initiatives individuelles. 

Quel est le plus grand défi à relever pour Cœur + AVC au cours de la prochaine décennie?

Des signes inquiétants existent en ce qui concerne les facteurs de risque modifiables, par exemple ce que nous mangeons et notre tour de taille. En matière de tabagisme, les données récentes sont alarmantes. La tendance des 30 dernières années est en train de s’inverser.

Il s’agit là de très grands défis qui comportent de nombreux facteurs. Ces défis laissent présager un avenir où plus de personnes, y compris de jeunes adultes, recevront un diagnostic précoce de diabète de type 2, d’hypertension artérielle ou d’hypercholestérolémie (cholestérol élevé). Cela laisse à son tour présager que les maladies cardiovasculaires seront plus fréquentes et qu’elles apparaîtront plus tôt dans la vie des gens.

Il s’agit sans doute du plus grand défi à relever.

Quant à notre plus grand défi organisationnel, il s’agit de solliciter la générosité de la population par différents moyens. 

Les gens sont généreux, mais nous devons leur fournir une explication très claire de la façon dont leur engagement mènera à des résultats concrets pour attirer leur attention et renforcer leur loyauté. Dans ce but, il est nécessaire de communiquer avec les gens et d’encourager leur participation de diverses façons.

En guise d’exemple, mentionnons le comité des jeunes leaders de Cœur + AVC de la région de Toronto. Ces jeunes se sont réunis pour apprendre, pour se mobiliser et pour recueillir des fonds, et ils l’ont fait selon leurs propres conditions. Il s’agit là d’un excellent indicateur de notre succès.

Je pense aussi que nous pouvons faire mieux en matière d’anticipation des préférences des gens. Prenons l’exemple d’un donateur qui contribue à Sautons en cœur parce qu’il a des enfants à l’école primaire. Comment accompagner cette personne dans les étapes suivantes de son cheminement et faire en sorte que son implication grandisse? Il s’agit d’un véritable défi

Comment Cœur + AVC abordera-t-elle ces défis?

Deux éléments sont particulièrement emballants à mon avis et sont d’une grande pertinence.

Le premier est que nous vivons à une ère de transformation numérique. Les individus ont accès à l’information par des moyens autrefois inimaginables.

Nous savons que les personnes atteintes d’une maladie chronique qui sont bien informées et qui entretiennent une vraie relation de partenariat avec leurs professionnels de la santé voient leur état de santé s’améliorer. 

Citons l’exemple de notre importante campagne pour attirer l’attention sur les inégalités en matière de santé cardiaque et cérébrale auxquelles font face les femmes. Nous abordons le fait que les femmes peuvent ressentir les signes d’une crise cardiaque d’une façon très différente des hommes. Un médecin qui reconnaît les signes d’une crise cardiaque chez un homme pourrait ne pas remarquer ces signes chez une femme. Maintenant, les femmes détiennent l’information pour soulever cette possibilité.

Le défi est qu’il existe beaucoup d’information et que celle-ci n’est pas toujours fiable. Il s’agit d’une occasion à saisir pour Cœur + AVC. Nous jouissons d’une bonne réputation et nous pouvons aider les gens à s’y retrouver dans cette jungle d’informations.

Alors que nous examinons le programme de recherche pour la prochaine décennie, je tiens également à souligner le travail que nous avons accompli au cours des 18 derniers mois pour définir les principales mesures à prendre afin de réaliser des progrès importants dans le domaine de la santé.

Cette démarche est le fruit d’une conversation à laquelle ont participé des scientifiques et des personnes touchées par les maladies du cœur et l’AVC. À mes yeux, cela rend cette démarche palpitante.

Cœur + AVC est en mesure d’influencer la qualité des pratiques cliniques, des politiques et des soins dans d’un bout à l’autre du pays.

Yves Savoie chef de la direction, Cœur + AVC

Comment les personnes touchées par les maladies du cœur et l’AVC ont-elles contribué à établir les priorités en recherche?

C’est un fait indéniable : il est possible d’améliorer les résultats en faisant participer les patients à tous les niveaux du système de santé.

Cela a solidifié les bases de notre approche visant à rassembler plus de 100 personnes dans un modèle de leadership conjoint. Ainsi, la direction était assurée d’une part par des scientifiques et, d’autre part, par des personnes ayant une expérience vécue de la maladie, que ce soit en tant que patient ou en tant qu’aidant.

L’énergie qui s’est dégagée de ce processus était absolument fantastique. Les participants faisaient preuve d’un grand respect envers ces différents domaines d’expertise. Au terme de ce processus, nous avons pu définir un ensemble de priorités dont la faisabilité scientifique a été testée et dont la pertinence pour la vie des individus a été établie.

« Miser sur l’équité » est l’une des nouvelles orientations stratégiques de Cœur + AVC. Qu’est-ce que cela implique?

L’équité en santé fait référence au fait que certains individus bénéficient de résultats moindres en matière de santé cardiovasculaire (comme la qualité de vie et la mortalité) comparativement à la moyenne de la population en raison de préjugés ou d’une iniquité.

Les Autochtones constituent en ce sens un exemple frappant : ils sont jusqu’à deux fois plus susceptibles de développer une maladie du cœur que la population en général.

Les causes de cette situation sont liées aux systèmes, aux choix et aux politiques. Les communautés autochtones ont un accès limité aux aliments sains et aux services de santé, même dans les centres urbains. Cette injustice nous oblige à agir.

Mentionnons comme autre exemple le fait que les femmes sont 50 % moins susceptibles que les hommes de suivre un programme de réadaptation cardiaque après avoir subi une crise cardiaque. Pourtant, nous savons que ceux qui terminent leur réadaptation sont moins susceptibles de subir une récidive.

Ces enjeux sont et doivent être une priorité pour Cœur + AVC. Ils sont complexes et il est important de réaliser en toute humilité que nous ne sommes pas les seuls acteurs dans ce domaine.

Pour trouver des solutions à ces problèmes, d’importants changements systémiques seront nécessaires. Voici un exemple de solution déjà mise en œuvre par Cœur + AVC : lorsque nous finançons un projet, nous exigeons maintenant des chercheurs qu’ils démontrent que leurs conclusions peuvent s’appliquer tant aux hommes qu’aux femmes. Qui plus est, le principal bailleur de fonds de la recherche en santé au pays, le gouvernement fédéral, a également adopté cette mesure.

Cœur + AVC a également financé deux chaires de recherche sur les maladies du cœur et l’AVC chez les femmes autochtones. De plus, nous continuons d’établir des partenariats pour renforcer notre engagement à répondre aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

De tels changements constituent d’importants pas vers la correction des inégalités en matière de santé.

Pourquoi la population devrait-elle soutenir Cœur + AVC?

Pour de nombreuses personnes, y compris moi-même, donner à la fondation est une façon d’honorer la mémoire d’êtres chers tout en bâtissant un avenir meilleur pour les personnes que nous aimons.

Cependant, il y a plus que cela. Actuellement, un changement majeur s’opère à travers le pays : de nombreux individus atteints de problèmes de santé relativement complexes, y compris des maladies cardiovasculaires, veulent recevoir des soins à domicile.

Cœur + AVC, qui dispose d’un point de vue global en matière de santé, est en mesure d’influencer la qualité des pratiques cliniques, des politiques et des soins dans de vastes régions d’un bout à l’autre du pays. Cette influence permettra d’aider plus de personnes au pays à jouir d’une qualité de vie optimale dans leur communauté.

Il s’agit là d’une raison très convaincante qui encourage les gens à contribuer à la cause de Cœur + AVC.