Comprendre le lien entre alimentation et AVC

Des études révèlent des liens étonnants entre l’alimentation et le rétablissement après un AVC
homme manger du bol avec des baguettes

Ce n’est pas un secret : manger sainement et de façon équilibrée, c’est bon pour la santé. Mais pour une personne qui a subi un AVC, le régime alimentaire pourrait avoir plus d’importance encore.

Les travaux dirigés par la Dre Phyllis Paterson sont en train de nous donner une idée d’effets inattendus qu’aurait l’alimentation sur le rétablissement après un AVC. Son équipe est l’une des toutes premières à enquêter sur les répercussions d’une mauvaise alimentation sur la réadaptation post-AVC.

« La nutrition chez les patients qui ont fait un AVC est un domaine de recherche de première importance qui mérite qu’on s’y attarde », affirme la chercheuse et professeure de nutrition à l’Université de la Saskatchewan.  

On estime que la malnutrition touche jusqu’à 50 % des patients d’AVC. À la base, c’est un problème que l’on constate déjà souvent chez les patients âgés. Dans le cas présent, par contre, il touche aussi un deuxième groupe, celui des personnes qui cessent de bien se nourrir en raison de leur AVC. Les difficultés de déglutition, les problèmes de mobilité et la dépression sont autant de facteurs qui peuvent empêcher les gens d’adopter un régime alimentaire complet et équilibré. 

Et, comme le dit la Dre Paterson, « nous avons aujourd’hui des preuves que la malnutrition empire le rétablissement après un AVC ».  

Dre. Phyllis Paterson

Nous sommes d’avis que la nutrition joue un rôle important dans la force et la réadaptation

Dre. Phyllis Paterson  Professeure de nutrition à l’Université de la Saskatchewan


Se nourrir pour mieux guérir

Les premières constatations de son équipe démontrent que la malnutrition freine des processus importants du rétablissement, par exemple en réduisant l’inflammation au cerveau après un AVC. 

« L’inflammation peut, dans certains cas, jouer un rôle positif, explique-t-elle. C’est la façon par laquelle le corps réagit à la blessure qu’il a subie et c’est ainsi qu’il jugule l’AVC pour permettre au cerveau de commencer à se réparer. » 

Des données probantes révèlent également que la malnutrition réduit la plasticité cérébrale, c’est-à-dire la capacité qu’ont les cellules du cerveau à se réorganiser et à créer de nouvelles connexions. 

Dans le cadre d’études menées sur des rats, la Dre Paterson a découvert que les membres qui n’étaient pas touchés par un AVC augmentaient progressivement de taille, peut-être pour compenser les lésions de l’autre côté du corps. Le groupe qui se nourrissait moins bien, pour sa part, n’arrivait pas à compenser, et son rétablissement n’avançait pas.

« Nous sommes d’avis que la nutrition joue un rôle important dans la force et la réadaptation, qu’elle aide à protéger le membre endommagé par l’AVC », explique la chercheuse.

À la recherche de solutions

Bien que la malnutrition soit un problème à la fois courant et compliqué, la Dre Paterson souligne que le soutien offert résout en partie le problème, surtout chez les personnes âgées et celles à besoins complexes. Un nutritionniste-diététiste peut aider les patients à surveiller leur régime alimentaire et leur donner des stratégies, voire des plans de repas spécialisés, pour surmonter les différents problèmes, y compris la difficulté de déglutition. 

« Les défis vécus après un AVC sont parfois bien difficiles, dit-elle. Nous espérons répondre à quelques-unes des questions que nous avons sur l’importance de la malnutrition et sur la rapidité à laquelle il faut la traiter pour éviter les dommages permanents. »