Communiqué de presse : Taxe d’accise sur les boissons sucrées

Une étude indique qu’une telle taxe sauverait des milliers de vies dans les 25 prochaines années, épargnerait 11,5 milliards de dollars en soins de santé et générerait 43,6 milliards de dollars.

TORONTO - Une nouvelle étude de l’Université de Waterloo, commanditée par des organisations de premier plan du domaine de la santé, révèle qu’une taxe d’accise imposée aux entreprises qui produisent des boissons sucrées aurait une forte incidence sur la réduction du nombre de décès et d’incapacité ainsi que des dépenses en soins de santé. De tels résultats viennent s’ajouter au corpus international croissant concernant les avantages économiques et sur la santé d’une taxe d’accise sur les boissons sucrées.

Cette nouvelle recherche se fonde sur une analyse récente qui projetait la consommation de boissons sucrées pour l’ensemble de la population canadienne et ses répercussions sur la santé et l’économie, en évaluant les avantages d’une taxe d’accise sur ces boissons. Selon cette étude, au cours des 25 prochaines années, une taxe d’accise de 20 % imposée aux fabricants de boissons sucrées permettra de sauver plus de 13 000 vies et préviendra :

  • plus de 600 000 cas d’obésité et près de 100 000 cas d’embonpoint chez les adultes à l’échelon national
  • jusqu’à 200 000 cas de diabète de type 2
  • plus de 60 000 cas de cardiopathie ischémique
  • plus de 20 000 cas de cancer, et
  • plus de 8 000 AVC.

Outre la réduction des effets néfastes sur la santé, une taxe d’accise de 20 % au cours des 25 prochaines années représentera une économie 11,5 milliards de dollars en soins de santé et une augmentation des recettes publiques de 43,6 milliards de dollars (1,7 milliard de dollars par année). Si le gouvernement fédéral impose cette taxe d’accise de 20 % sur les boissons sucrées, on prévoit également un bénéfice direct pour la santé populationnelle se chiffrant par près de 500 000 années de vie ajustées en fonction de l’incapacité (nombre d’années de vie en bonne santé perdues en raison de problèmes de santé, d’une incapacité ou de morts précoces).

L’expérience récente de divers pays démontre que les taxes directes pour orienter les choix sains contribuent à réduire la consommation de produits malsains et améliorent la santé globale. L’expérience du Canada en ce qui a trait à l’usage du tabac en constitue un exemple à portée de main. Depuis les années 1980, les taux de cancer du poumon ont diminué. Les changements amorcés 20 ans auparavant - y compris la modification des emballages, une sensibilisation en milieu scolaire, l’augmentation des taxes, les restrictions sur la publicité et d’autres approches - ont tous contribué à réduire le nombre de fumeurs au taux spectaculaire de 13 % au Canada, le plus faible jamais enregistré. Un nombre croissant d’études démontre également qu’une taxe d’accise sur les boissons sucrées en diminue la consommation. Le Mexique, la France, la Hongrie, la Finlande, la Norvège, la Belgique, le Chili et la Barbade, ainsi qu’une liste croissante de grandes villes des États-Unis (à savoir Oakland et Philadelphie) ont réussi à appliquer de telles taxes. À titre d’exemple, au Mexique, la consommation de boissons taxées a diminué durant deux années consécutives alors que les achats de boissons saines ont augmenté.

Un certain nombre d’organismes en santé ont proposé au gouvernement fédéral de considérer l’imposition d’une taxe d’accise sur les boissons sucrées à l’occasion du prochain budget fédéral. Une telle approche permettrait d’accroître les recettes nécessaires pour les initiatives de mode de vie sain qui profiteront à la population. Il s’agit notamment de subventionner les légumes et fruits pour les rendre plus abordables pour les familles; d’assurer un accès à l’eau potable et au lait faible en gras pour les communautés autochtones; d’offrir des programmes de repas scolaires sains aux élèves; de sensibiliser et éduquer le public, y compris par l’acquisition de connaissances et de compétences nutritionnelles; et de mettre en œuvre des programmes d’activité physique. Cet appel à l’action visant à introduire une taxe d’accise sur les boissons sucrées pour les fabricants est également approuvé par 24 autres organismes dans tout le pays.

Les groupes en santé soulignent qu’une taxe d’accise ne résoudra pas à elle seule le problème d’excès pondéral et de santé globale de la population. Toutefois, étant donné la trop grande consommation de boissons sucrées, qui constituent l’apport le plus important en sucre dans notre alimentation et un facteur important de maladies chroniques et d’obésité, une taxe d’accise représente un élément essentiel dans une stratégie plus vaste afin de promouvoir la consommation de boissons et aliments sains. Une telle stratégie inclut des initiatives comme les restrictions en matière de marketing visant les enfants, l’amélioration de l’étiquetage des aliments et des menus, un meilleur accès à des aliments sains et de l’eau potable à prix abordables, l’amélioration des connaissances nutritionnelles et des compétences culinaires, ainsi que la sensibilisation du public.

Les deux phases de cette recherche ont été commanditées par la Société canadienne du cancer, la Childhood Obesity Foundation, l’Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada, Diabetes Canada et la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC. Les travaux de recherche ont été menés à l’Université de Waterloo par Amanda C. Jones, le Dr J. Lennert Veerman et le Dr David Hammond.

Citations

« Une taxe d’accise sur les boissons sucrées pourrait réduire la prévalence de l’obésité et améliorer la santé de la population, tout en fournissant des recettes substantielles pour soutenir d’autres mesures de santé publique. »
- Dr David Hammond, professeur agrégé, École de santé publique et des systèmes de santé, Université de Waterloo.

« Le nombre de cas de cancer diagnostiqués au Canada devrait augmenter de façon spectaculaire au cours des 15 prochaines années par le seul fait du vieillissement de la population. Il faut prendre dès maintenant des mesures, y compris une taxe d’accise sur les boissons sucrées, pour réduire le nombre de personnes atteintes de cancer et les coûts de traitement de cette maladie. »
- Mélanie Champagne, directrice, Questions d’intérêt public, Société canadienne du cancer.

« La consommation excessive de boissons sucrées coûte des centaines de millions de dollars par année et tue des milliers de personnes. Il est temps de taxer ce produit afin qu’il compense ses conséquences et d’inciter les gens à adopter des choix plus sains en matière de boissons. »
- Dr Tom Warshawski, pédiatre et président, Childhood Obesity Foundation.

« Les Canadiens comptent parmi les plus gros consommateurs de sucre du monde. La consommation excessive de boissons sucrées constitue un risque avéré et croissant pour le diabète de type 2. Nous devons utiliser ces connaissances pour prévenir l’augmentation des cas de diabète de type 2 et d’autres maladies chroniques, et exhorter le gouvernement fédéral à s’impliquer dans la promotion de la santé en imposant une taxe d’accise. »
- Rick Blickstead, président et chef de la direction, Diabetes Canada.

« Nous savons que la population - y compris nos enfants - consomme trop de sucre et de boissons sucrées en particulier, ce qui nuit à la santé. Ces produits ne sont pas des aliments essentiels en raison d’une valeur nutritive faible ou nulle. Une taxe d’accise constitue un moyen éprouvé de réduire la consommation et de soutenir des initiatives de mode de vie sain. »
- Kevin Bilodeau, directeur adjoint, Relations gouvernementales, Fondation des maladies du cœur et de l’AVC.

Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec :

Alex Maheux
Fondation des maladies du cœur et de l’AVC
alexandra.maheux@heartandstroke.ca
647 943-3178 ou 416 729-5913