L’histoire de Jennifer : une valvule défaillante et menaçante

La chirurgie a sauvé la vie de Jennifer, mais on espère la remplacer grâce à la recherche.

Jennifer Michaud

Jennifer Michaud souffre d’une sténose aortique congénitale, soit la rigidité d’une valvule qui contrôle le flux de sang oxygéné du cœur. Cela ne l’a toutefois pas découragée. Elle a obtenu un diplôme universitaire, a lancé sa carrière et a plongé dans le monde du théâtre communautaire de Calgary.

À 29 ans, sa vie a basculé. Son cœur s’emballait sans raison apparente, ce qui la rendait étourdie et essoufflée. Des tests ont montré la grande détérioration de sa valvule, qu’il faudrait remplacer pour traiter le problème. 

Jennifer Michaud

À bien des égards, Jennifer a eu de la chance. Grâce à un suivi régulier, son médecin spécialiste a détecté le problème à temps, ce qui n’est malheureusement pas le cas pour beaucoup de femmes atteintes de sténose aortique. Les causes et les symptômes sous-jacents diffèrent chez les hommes et les femmes, et le fossé en recherche se traduit souvent par des lacunes dans le diagnostic chez les femmes. 

« Pour cette maladie, 99,9 % des études ont été faites sur des hommes, ou sur des échantillons composés principalement d’hommes ou d’animaux mâles », explique la Dre Marie-Annick Clavel, chercheuse en cardiologie à l’Université Laval. 

La Dre Clavel a élaboré des lignes directrices qui aident les cliniciens à diagnostiquer la sténose aortique chez les femmes. Reconnaître la maladie est essentiel; les cas graves et symptomatiques non traités causent la mort. Même lorsqu’elles sont traitées, les femmes demeurent plus à risque que les hommes. En fait, elles ont un risque 25 % plus élevé de mourir après une intervention chirurgicale de la valvule aortique.

Jennifer est soulagée. Elle et son mari ignoraient ce point lorsqu’ils ont dû aborder le choix d’une valvule de remplacement mécanique ou biologique. Les patients qui ont des valvules mécaniques doivent prendre des anticoagulants pour le reste de leur vie, alors que les valvules biologiques sont moins durables. 

Jennifer a opté pour le type biologique, comme beaucoup de femmes, sachant qu’elle devrait probablement subir d’autres interventions chirurgicales. Une des raisons qui l’ont poussée à prendre cette décision est qu’elle et son mari voulaient pouvoir fonder une famille un jour, mais que les anticoagulants présentent de grands risques pendant la grossesse. 

Une semaine après avoir joué dans un hommage au duo musical, elle a subi une opération à cœur ouvert.

 

 

L’objectif est de réduire la progression… de l’arrêter avec un peu de chance.

Dre Marie-Annick Clavel Chercheuse subventionnée par Cœur + AVC

Aujourd’hui, Jennifer est de retour au travail et sur scène. L’opération qui lui a sauvé la vie l’a toutefois laissée dans un état d’épuisement et de douleur pendant de nombreux mois. « J’avais l’impression qu’un camion m’était passé dessus », se rappelle-t-elle. Elle redoute une autre opération quand sa nouvelle valvule devra être remplacée. 

La plus récente recherche de la Dre Clavel pourrait toutefois changer la donne. La chercheuse étudie un médicament qui cible la fibrose, la cause la plus fréquente de sténose aortique chez les femmes. Les résultats d’une étude financée par Cœur + AVC sont très prometteurs. La Dre Clavel prévoit maintenant de passer de cette étude expérimentale sur souris à une sur les humains.

Si les résultats sont concluants, les femmes comme Jennifer pourraient reporter une opération, voire l’éviter complètement. « C’est vraiment emballant », se réjouit-elle.

« L’objectif est de réduire la progression de la sténose aortique, de l’arrêter avec un peu de chance, et de la renverser avec une chance incroyable », ajoute la Dre Clavel.