La lumière sur l’AVC silencieux et la démence

Le Dr Eric Smith cherche à prédire le risque de démence chez les survivants de l’AVC et, ultimement, à prévenir cette maladie.
Eric Smith

Les deux grand-mères du Dr Eric Smith ont succombé à un AVC. « Je me souviens que mes parents devaient prendre des décisions difficiles et les défendre sur plusieurs fronts, car elles avaient de la difficulté à parler après leur AVC, souligne le Dr Smith, chercheur à l’Université de Calgary.

C’est l’une des expériences qui m’ont fait réaliser toute l’ampleur des séquelles de l’AVC et que nous avons encore beaucoup à apprendre pour aider les personnes qui vivent avec celles-ci. »  

Aujourd’hui, il participe à une étude unique en son genre visant à faire la lumière sur l’une des conséquences les plus dévastatrices de l’AVC : la démence.

La démence se caractérise par des problèmes de mémoire et de raisonnement. À un stade précoce, elle peut vous empêcher de conduire un véhicule ou d’effecteur des calculs simples, alors qu’à un stade avancé, elle peut vous empêcher d’effectuer des tâches essentielles du quotidien, comme vous laver, vous habiller et communiquer.

Environ le tiers des cas de démence sont causés par l’AVC. Par ailleurs, ces deux maladies ont les mêmes facteurs de risque. Ainsi, en prévenant l’AVC, nous pouvons également réduire le risque de démence.

Le Dr Smith concentre ses efforts sur l’AVC silencieux, qui affaiblit les connexions dans différentes régions du cerveau et dont les symptômes sont à peine perceptibles. On considère désormais que ce type d’AVC est assez courant au pays et qu’il pourrait poser le même risque de démence que les AVC plus importants.

« Nous avons découvert que les AVC silencieux sont en fait assez courants dans la population canadienne. Jusqu’à 20 % des personnes de 70 à 79 ans peuvent en faire au moins un à cet âge, explique-t-il.

Mes travaux de recherche se concentrent sur ce problème afin que nous puissions déterminer la mesure dans laquelle l’AVC silencieux peut nous aider à prédire les problèmes de mémoire et de raisonnement, le risque d’AVC clinique et, ainsi, le risque de démence. Il s’agit de la première étape vers l’élaboration de stratégies de prévention et de traitements pour cette maladie. »

L’étude PURE-MIND du Dr Smith est la première à se concentrer sur ce sujet au pays. C’est également l’une des premières à porter sur l’AVC silencieux, non seulement chez les personnes de 70 ou 80 ans, mais aussi chez celles dans la fin de la trentaine jusqu’à la cinquantaine.

Financée par les donateurs de Coeur + AVC, elle porte sur 1 500 personnes âgées de 40 à 75 ans. Les chercheurs utilisent des techniques d’imagerie cérébrale pour déceler des indices d’AVC silencieux chez ces dernières. En jumelant les résultats de ces examens à des tests de mémoire réalisés à des intervalles de trois ans, le Dr Smith espère arriver à déterminer quels patients d’âge mûr sont exposés à un risque élevé de troubles de la mémoire et de la pensée, voire de démence, à un âge plus avancé.  

En dépistant le risque de démence, le Dr Smith espère que nous pourrons en faire plus pour prévenir cette maladie à l’aide de modes de vie adaptés et de médication.

« Ce n’est pas une simple coïncidence que je fasse carrière en recherche sur l’AVC, poursuit-il. Comme mes deux grand-mères ont toutes deux subi des AVC, mes antécédents sont l’une des choses qui m’ont motivé à me spécialiser dans ce domaine, et ainsi tenter d’aider les gens et d’autres familles pour qu’ils n’aient pas à vivre ce genre de tragédie. »