Même si le lien entre le traitement du cancer du sein et l’apparition d’une maladie du cœur est bien connu, et malgré le fait que ces affections sont parmi les plus meurtrières au pays, l’équilibre délicat entre ces risques et leurs effets sur la vie des survivantes est peu documenté.
Du moins, c’était le cas jusqu’à maintenant. Les travaux de recherche menés par le Dr Geoffrey Anderson et propulsés par les donateurs de Cœur + AVC ont jeté une lumière nouvelle sur le lien étonnant entre ces deux affections. Ces précieuses connaissances orienteront le rétablissement des femmes traitées pour un cancer du sein, pour éviter qu’elles ne développent une insuffisance cardiaque.
Le Dr Anderson et son confrère de l’Université de Toronto, le Dr Husam Abdel-Qadir, cardiologue et doctorant, ont entrepris une analyse approfondie des statistiques du Régime d’assurance-santé de l’Ontario de 1998 à 2012.
« Nous nous sommes penchés sur les résultats cliniques de près de 100 000 Ontariennes sur une quinzaine d’années. C’est un échantillon qui représente à merveille la situation au pays », explique le Dr Abdel-Qadir.
Quoique prévisibles, les résultats avaient de quoi surprendre. Même s’il est bien connu que le traitement du cancer du sein endommage le cœur des patientes, les dommages causés ne sont pas nécessairement assez graves pour nécessiter une hospitalisation ou causer la mort.
Les Drs Abdel-Qadir et Anderson ont découvert que le risque de mourir d’une maladie cardiovasculaire dépend des antécédents et de l’âge au moment du diagnostic. Plus la patiente est âgée, plus son risque de mourir d’un épisode cardiovasculaire est grand.
C’est un échantillon qui représente à merveille la situation au pays.
Si une femme de plus de 65 ans reçoit un diagnostic de cancer du sein, son risque de mourir de ce cancer ou d’une maladie du cœur devient sensiblement le même cinq ans plus tard.
Dans le cas d’une femme de moins de 65 ans sans antécédents de maladies du cœur, son risque de mourir de ces dernières est négligeable par rapport au cancer du sein.
Évidemment, la situation n’est pas la même pour une femme recevant un diagnostic de cancer du sein alors qu’elle vit déjà avec une maladie du cœur; au cours des cinq années suivant ce diagnostic, son risque de mourir d’un événement cardiovasculaire ou du cancer du sein est comparable. Or, après cinq ans, les maladies cardiovasculaires deviennent la principale cause de décès dans ce cas.
Dans une autre étude, le Dr Abdel-Qadir s’est intéressé au lien entre l’insuffisance cardiaque après un cancer du sein, et les autres maladies cardiovasculaires. Dans ce contexte, on considère généralement que l’affection est une conséquence directe du traitement du cancer. Le Dr Abdel-Qadir a découvert que la plupart des cas d’insuffisance cardiaque suffisamment graves pour entraîner une hospitalisation se produisent uniquement lorsque la patiente a des antécédents de maladie cardiovasculaire ou qu’elle présente certains facteurs de risque.
Grâce à ces connaissances, les médecins et les survivantes du cancer du sein peuvent se concentrer d’abord sur le maintien de la santé cardiaque, et ensuite sur l’atténuation des effets secondaires du traitement du cancer. Ainsi, les survivantes seront en mesure de réduire leur risque d’insuffisance cardiaque en faisant de l’activité physique, en adoptant une alimentation saine, et en contrôlant leur pression artérielle et leur cholestérol.
Pour souligner ces travaux novateurs, des bourses de jeune chercheur ont été décernées au Dr Abdel-Qadir dans le cadre de deux conférences d’envergure en Europe.
- Lisez sur les maladies du cœur chez les femmes dans le Bulletin du cœur 2018 de Cœur + AVC.
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