Dre Jodi Edwards

AVC

Prévenir l’AVC avant qu’il ne frappe

La recherche de Jodi Edwards pourrait aider à déjouer les facteurs de risque d’AVC, surtout chez les femmes

Chapitre 1 Le casse-tête de la prévention

Tout comme une détective à la recherche de données, Mme Jodi Edwards cherche des façons de prévenir les AVC et la démence vasculaire. Sa recherche porte sur le lien entre le cœur et le cerveau et est étroitement liée à l’équité en matière de sexe et de genre.

La fibrillation auriculaire (FA) est un type de battement cardiaque irrégulier qui augmente le risque d’AVC et de démence vasculaire, et ce, particulièrement chez les femmes ménopausées. « L’un des défis liés à la fibrillation auriculaire, c’est qu’elle est difficile à détecter. Chez certaines personnes, elle est intermittente », affirme Mme Edwards, épidémiologiste spécialisée en santé cardiovasculaire et directrice du Programme de recherche sur le cœur et le cerveau à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa.

Cela signifie que de très nombreuses personnes atteintes de FA sans le savoir ne reçoivent pas le traitement qui pourrait leur sauver la vie.

Sa solution? Étudier les données sur la santé (y compris les résultats d’électrocardiogrammes et d’analyses sanguines) pour repérer dès les premiers stades les changements électriques et biologiques qui surviennent dans le cœur en lien avec la FA et qui peuvent aussi accroître le risque d’AVC et de démence.

« En identifiant ces biomarqueurs et en les ajoutant au modèle de prédiction des risques, nous pourrions développer des outils pour la prise de décisions cliniques afin de déterminer quelles sont les personnes qui présentent le risque le plus élevé », affirme Mme Edwards.

Et ces outils ne s’adressent pas qu’aux médecins.

Chapitre 2 Le savoir, c’est le pouvoir

L’analyse de données de Mme Edwards vise à mettre au point un outil pour la prise de décisions. « Cela pourrait prendre la forme d’une application que les médecins utiliseraient au point d’intervention, d’une cote de risque qu’ils intégreraient dans leurs évaluations des patients, ou de ressources numériques dont les patients pourraient se servir eux-mêmes », indique Mme Edwards, qui a reçu une bourse de nouveau chercheur de Cœur + AVC en 2020.

L’un des défis liés à la fibrillation auriculaire, c’est qu’elle est difficile à détecter. Chez certaines personnes, elle est intermittente.
Jodi Edwards

Avec un tel outil, si l’on additionne les facteurs de risque et les résultats des tests d’une personne et que l’on obtient un certain score, cela signifierait que cette personne présente un risque élevé de FA et qu’elle tirerait avantage d’un traitement pour prendre en charge la maladie et réduire le risque d’AVC et de démence.

De plus, Mme Edwards est d’avis que ces outils ne devraient pas être réservés aux professionnels de la santé.

« Il est important que tout un chacun soit en mesure de mieux défendre ses propres intérêts en matière de soins de santé. Cela est encore plus primordial pour les femmes », ajoute-t-elle. Elle veut les autonomiser en les sensibilisant aux facteurs qui leur sont propres et aux raisons basées sur des données probantes pour les amener à poser des questions à leurs professionnels de la santé ou à demander de passer un examen en particulier.

Dre Jodi Edwards

Mme Edwards espère mettre au point des outils qui aideront à identifier les personnes à risque de souffrir de fibrillation auriculaire, ce qui peut mener à un AVC et à la démence vasculaire.

Dans le cadre d’un autre projet financé par les donateurs de Cœur + AVC, Mme Edwards cherche à élaborer de nouveaux outils de prédiction qui prennent en considération les facteurs de risque propres aux femmes en matière de santé cardiaque et cérébrale. Ces facteurs de risque comprennent les complications liées à la grossesse comme la prééclampsie et l’hypertension gestationnelle. Les femmes touchées par ces affections présentent un risque accru de subir des épisodes cardiaques 10 ans plus tôt que les autres femmes.

Cependant, les outils de prédiction des risques les plus utilisés pour les maladies cardiovasculaires et la FA ont été mis au point à partir de données qui ne comprennent pas les antécédents obstétricaux des femmes et qui proviennent de populations non diversifiées.

Chapitre 3 Au-delà de la biologie

Lorsqu’il est question de sexe et de genre, Mme Edwards est de plus en plus convaincue qu’il ne suffit pas d’analyser les facteurs de risque biologiques pour obtenir des prédictions justes, particulièrement en ce qui a trait à la santé des femmes.

« Nous devons nous pencher sur les déterminants sociaux de la santé comme un statut socioéconomique inférieur, le fardeau lié au fait de prendre soin des membres de sa famille et l’influence des rôles associés au genre en matière de santé cardiaque et cérébrale, dit-elle. Il est important de comprendre comment ces risques influent sur la santé des femmes appartenant à différents groupes ethniques. »

« Pour moi, il s’agit de reconnaître les facteurs de risque méconnus, les facteurs propres au sexe et les facteurs très précoces qui nous permettent de prévenir la maladie, affirme Mme Edwards. C’est le plus important. La prévention est au cœur de la solution pour améliorer la santé cardiaque et cérébrale de l’ensemble de la population. »