Christina Stuwe, survivante d’une maladie du cœur

Cœur

Sauver le cœur d’une mère

Christina a appris presque trop tard que des complications liées à sa grossesse avaient augmenté son risque de maladie du cœur

Chapitre 1 Un diagnostic choquant

« Vous avez subi une crise cardiaque il y a probablement trois ans. »

Christina Stuwe était abasourdie lorsque le médecin a prononcé ces mots durant son angiographie. Et ce n’était pas tout. L’examen a montré trois artères bloquées dans son cœur. Pour survivre, elle devait subir un pontage.

Christina, qui était alors âgée de 47 ans, et son époux, Sven, avaient beaucoup insisté pour qu’elle ait cette angiographie (un test qui utilise des rayons X pour examiner les vaisseaux sanguins autour du cœur dans lesquels on a injecté un colorant). Le couple de Calgary voulait avoir des réponses concernant les symptômes éprouvés par Christina, notamment des sensations de brûlure dans le haut de son dos, de la douleur et des engourdissements dans ses bras et, à l’occasion, un rythme cardiaque très rapide.

Le médecin de famille de Christina l’avait orientée vers un cardiologue et elle avait déjà passé plusieurs tests pour déceler un problème cardiaque. La plupart des tests se sont avérés peu concluants, mais un échocardiogramme a montré que la cavité inférieure gauche de son cœur ne battait qu’à 35 % de sa capacité.

Le cardiologue n’était pas très inquiet. Il a recommandé de surveiller les symptômes et de faire un suivi un an plus tard. Cependant, comme les Stuwe ont insisté en demandant d’autres tests, il a décidé de faire passer une angiographie à Christina.

D’abord dévastée par les résultats de l’angiographie, Christina a réalisé qu’elle savait à quel moment elle avait subi une crise cardiaque. Comme de nombreuses femmes, elle n’a pas subi une crise cardiaque digne des films de Hollywood. « Je n’ai pas éprouvé de douleur à la poitrine. Ce que j’ai ressenti, ce que j’ai développé à partir de ce jour-là, c’est la version de mon corps d’une angine de poitrine. »

Il y avait enfin une explication pour cette sensation de brûlure et cette douleur dans ses bras et le haut de son dos. Christina a ressenti un certain soulagement, mais elle admet ceci : « J’étais en colère. J’ai éprouvé beaucoup de frustration. »

Pourquoi cela a-t-il pris trois ans pour découvrir sa maladie du cœur?

Chapitre 2 Une grossesse difficile

En 2008, Christina a été enceinte pour la première et unique fois. Durant son sixième mois de grossesse, son médecin lui a dit qu’elle souffrait de diabète de grossesse et d’hypertension gestationnelle (pression artérielle élevée).

Christina enlaçant son mari, Sven.

Christine et son mari, Sven, ont dû insister pour qu’elle passe des tests pouvant expliquer ses symptômes.

Christina et son mari font du vélo en plein air.

Aujourd’hui, Christina se porte bien.

Christina s’amuse avec son fils.

Quatorze ans après avoir donné naissance à son fils, Christina trouve encourageantes les nouvelles études sur le lien entre les complications pendant la grossesse et les maladies du cœur.

Christina l’ignorait à ce moment-là, mais ces problèmes de santé font partie d’un groupe de complications liées à la grossesse qui augmentent le risque de développer une maladie cardiovasculaire plus tard au cours de la vie d’une femme. Au pays, on estime qu’environ 15 % à 20 % des femmes présentent au moins une de ces complications, qui comprennent également la prééclampsie.

Tout ce que Christina savait, c’était qu’elle devait vérifier sa glycémie quatre fois par jour et s’administrer des doses d’insuline régulièrement, ainsi que mesurer sa pression artérielle avec l’aide d’une infirmière à domicile.

Finalement, elle a donné naissance à un garçon en santé. Sa glycémie et sa pression artérielle ont retrouvé des valeurs normales. Elle a donc oublié les aiguilles et s’est concentrée sur son rôle de mère.

Aucun membre de l’équipe de soins de Christina, tant avant qu’après la naissance, ne l’a informée qu’elle présentait un risque accru de développer une maladie du cœur plus tard. « La seule chose qu’on m’a dite, c’est que je pourrais développer du diabète ou des problèmes avec ma glycémie en vieillissant. On ne m’a rien dit au sujet de mon cœur. Niet. Nothing. Nada. Rien du tout. »

Des années plus tard, lorsqu’elle a commencé à éprouver les symptômes qui ont mené à sa consultation avec un cardiologue, personne ne lui a demandé si elle avait eu des complications liées à sa grossesse.

Chapitre 3 Un pont vers l’avenir

Les cinq mois d’attente pour la chirurgie de Christina ont été marqués par la crainte de subir une autre crise cardiaque. « Je souffrais d’angine en montant l’escalier. Je devais m’arrêter après trois marches pour reprendre mon souffle. »

Heureusement, sa chirurgienne, la Dre Teresa Kieser, à l’hôpital Foothills de Calgary, a écouté les craintes de Christina et l’a rassurée. Lorsque Christina a mentionné son inquiétude quant au fait d’avoir une cicatrice visible à la base du cou, la Dre Kieser a noté la demande de faire l’incision le plus bas possible.

La seule chose qu’on m’a dite, c’est que je pourrais développer du diabète ou des problèmes avec ma glycémie en vieillissant. On ne m’a rien dit au sujet de mon cœur.
Christina Stuwe

La chirurgie s’est bien déroulée et Christina a ensuite suivi un programme de réadaptation cardiaque. Elle a toutefois continué de se demander pourquoi tout ça lui était arrivé. Elle savait qu’il était possible qu’elle présente un risque génétique de maladie du cœur comme de son père. C’est pourquoi elle avait toujours fait très attention à sa pression artérielle et à son taux de cholestérol (ils se sont d’ailleurs toujours situés dans les valeurs normales, sauf durant sa grossesse).

Ce n’est qu’en 2018, lorsqu’elle a lu un rapport de Cœur + AVC, qu’elle a compris que les complications liées à sa grossesse auraient dû lever un gros drapeau rouge.

Christina, souriante, sur son vélo.

Après une chirurgie qui s’est bien déroulée, Christina a suivi un programme de réadaptation cardiaque. Aujourd’hui, elle s’efforce d’aider d’autres mères comme elle en les sensibilisant aux risques de développer une maladie du cœur après une grossesse.

Aujourd’hui, Christina se porte bien et elle milite pour passer le mot à d’autres femmes. « Je fais maintenant partie d’un comité qui prépare un questionnaire à remettre aux mères qui ont eu des complications comme moi durant leur grossesse, afin qu’elles sachent qu’elles pourraient développer une maladie du cœur plus tard. »

Elle est encouragée par le fait que des chercheurs de Cœur + AVC comme la Dre Kara Nerenberg et Mme Padma Kaul étudient des façons de prévenir les maladies cardiovasculaires chez les femmes ayant éprouvé des complications liées à la grossesse, comme elle.

Christina aimerait que les femmes qui éprouvent des complications liées à la grossesse fassent l’objet d’un dépistage des signes de maladies cardiovasculaires. Elle est déterminée à faire tout en son pouvoir pour aider d’autres femmes à prendre soin de leur cœur.