Dr Paré dans le laboratoire

Cœur

La génétique pour combattre les crises cardiaque

Les recherches du Dr Guillaume Paré pourraient repérer les risques de maladies du cœur précoces.

Chapitre 1 À la recherche d’explications

Le Dr Guillaume Paré, chercheur financé par Cœur + AVC et professeur en pathologie et médecine moléculaire à l’Université McMaster, voit des cas très difficiles dans sa clinique du centre médical de l’Université McMaster à Hamilton, en Ontario. « Dans la plupart des cas, il n’y a pas de cause connue pouvant expliquer pourquoi une personne aurait, par exemple, une première crise cardiaque dans la trentaine, explique-t-il. C’est le type de patient que nous traitons. »

Heureusement, le Dr Paré aime les défis.

Il voit surtout des personnes atteintes de dyslipidémie, soit un niveau anormalement élevé de gras, comme le cholestérol, dans le sang. Cette affection augmente le risque de subir une crise cardiaque ou un AVC.

« Je pense que dans des cas aussi extrêmes, il doit y avoir une explication, affirme le Dr Paré. Si nous ne trouvons pas la raison, c’est parce que nous ne cherchons pas au bon endroit. » S’il existait un moyen de déterminer qui sont les personnes à risque, il serait possible de les aider à prévenir un épisode cardiaque, pense-t-il.

 
L’équipe du laboratoire s’est servie d’une analyse de données de pointe pour trouver des variantes génétiques.
 Gros plan de flacons de laboratoire
Portrait du Docteur Paré
La recherche que le Dr Paré a effectuée sur le risque polygénique en 2018 fait partie des dix avancées les plus importantes selon l’American Heart Association.
 Dr Paré dans le laboratoire
Le Dr Paré voulait comprendre pourquoi certains patients risquaient de subir une crise cardiaque précoce.

Chapitre 2 La génétique est la clé

Le Dr Paré est d’avis qu’il faut se pencher sur les facteurs de risque génétiques. « La plupart de ces patients ont des antécédents familiaux frappants de maladies du cœur graves et précoces. Ça prouve que la génétique a quelque chose à y voir. »

Son équipe est la première à suggérer que ce risque n’est pas le fait d’une seule mutation, comme on le pensait, mais plutôt de ce qu’on appelle le risque polygénique. « C’est la combinaison de centaines ou de milliers de variantes génétiques plus faibles », explique le Dr Paré.

Ainsi, aucun de ces facteurs génétiques ne pourrait à lui seul provoquer une crise cardiaque à un jeune âge; toutefois, lorsque plusieurs d’entre eux se manifestent, le risque est important. 

 
Il est tout à fait possible d’imaginer un avenir où nous pourrons prédire très précisément le risque d’une personne de subir une crise cardiaque.
Dr. Guillaume Paré - - Coeur et l’AVC Chercheur

« Nous avons testé cette hypothèse et démontré qu’environ 20 % de nos patients à risque de subir un épisode cardiaque très précoce présentaient un risque polygénique vraiment élevé. Dans de nombreux cas, c’était le seul facteur de risque qui pouvait être identifié », dit-il. Cette recherche, appuyée par les donateurs de Cœur + AVC, a été sélectionnée par l’American Heart Association comme l’une des dix plus importantes avancées mondiales en recherche cardiovasculaire en 2018. 

Mais comment peut-on, à partir de cette hypothèse, créer un outil que les médecins peuvent utiliser pour aider à prévenir une crise cardiaque, un AVC ou un autre événement cardiaque?

 

Chapitre 3 La prévision au service de la prévention

Grâce à une analyse de données de pointe, le Dr Paré et son équipe ont découvert des milliers de variantes génétiques assez communes qui peuvent être intégrées dans l’établissement de la cote de risque d’un patient donné. Leur prochain objectif est de trouver un moyen d’y intégrer des mutations génétiques rares qui provoquent des maladies chez les personnes qui en sont porteuses.

Le Dr Paré espère que ces cotes de risque pourront être utilisées à grande échelle. « Nous avons cependant beaucoup de défis à relever pour mettre ce processus en œuvre et le faire intégrer dans les lignes directrices et pratiques de soins cliniques », admet-il.

Dix ans, voire plus, pourraient s’écouler avant que cet objectif soit réalisé, mais le Dr Paré est déterminé. « Il est tout à fait possible d’imaginer un avenir où, en combinant l’information génétique et les biomarqueurs sanguins obtenus grâce à une simple prise de sang, nous pourrons prédire très précisément le risque d’une personne de subir une crise cardiaque ou un AVC, voire de développer d’autres maladies, comme le cancer du côlon ou du poumon. Nous pourrons alors travailler à réduire ce risque. »

Le Dr Paré est déterminé à combattre les crises cardiaques précoces.

Pour continuer à financer ses travaux de recherche, il compte sur les donateurs de Cœur + AVC. 

 
 Dr Pare dans une blouse blanche avec le logo Heart & Stroke dessus
Des recherches opportunes menées par le laboratoire du Dr Paré ont permis de mieux comprendre la pandémie de COVID-19.

Une longueur d’avance pour comprendre la COVID-19

Le laboratoire du Dr Paré étudie le rôle du récepteur ACE2, une protéine que l’on trouve à la surface des cellules, principalement dans les vaisseaux sanguins. Elle joue un rôle important dans le développement de l’hypertension, des maladies du cœur et des AVC.

Avant que la pandémie ne se déclare, le Dr Paré étudiait les concentrations d’ACE2 dans l’organisme et la façon dont elles sont influencées par des facteurs génétiques et externes. Il s’avère que l’ACE2 est la principale voie de pénétration du coronavirus dans les cellules, provoquant ensuite l’infection de l’organisme.

Il a pu inclure cette importante découverte dans sa recherche , qui est en partie financée par les donateurs de Cœur + AVC.

« La découverte que nous avons faite est tout à fait remarquable, se réjouit le Dr Paré. Il existe un lien direct entre les facteurs qui augmenteraient l’activité de ce récepteur, comme l’obésité et le diabète, et ceux qui entraîneraient des conséquences plus graves de la COVID-19. »

Ce lien pourrait aider à expliquer pourquoi les personnes vivant avec une maladie du cœur ou ayant subi un AVC sont plus à risque de mourir de la COVID-19.