Susan Howlett, chercheuse pour Cœur + AVC, Université Dalhousie, Halifax (Nouvelle-Écosse)

Cœur

Prolonger la santé du cœur chez les personnes âgées

Susan Howlett étudie la fragilité liée à l'âge pour vous aider à vivre plus longtemps et en meilleure santé. Particulièrement les femmes,

Chapitre 1 L’énigme du vieillissement

« Si vous avez déjà assisté à une réunion d’anciens du secondaire, vous comprenez le problème que nous tentons de résoudre », déclare la chercheuse Susan Howlett. Autrement dit, pourquoi certaines personnes vieillissent-elles plus gracieusement que d’autres?

Avec l’âge, certains voient leur santé décliner, tandis que d’autres demeurent vigoureux et actifs. Mme Howlett, qui est professeure de pharmacologie et de gériatrie à l’Université Dalhousie, veut contribuer à égaliser les chances, afin que nous soyons plus nombreux à profiter d’une vie riche et active jusqu’à un âge avancé.

Ses recherches, soutenues par les donateurs et donatrices de Cœur + AVC, portent sur la fragilité. On parle de fragilité lorsqu’une personne cumule les problèmes de santé et s’en trouve épuisée et vulnérable. 

Les travaux de Mme Howlett portent spécifiquement sur le lien entre la fragilité et l’insuffisance cardiaque, une maladie débilitante causée par l’incapacité du cœur à pomper le sang correctement. Les personnes qui vivent avec l’insuffisance cardiaque peuvent ressentir de l’épuisement et avoir le souffle coupé lorsqu’elles montent des escaliers. 

« Je voulais comprendre comment la fragilité peut, d’une certaine façon, contribuer à créer les conditions qui favorisent l’insuffisance cardiaque, déclare Mme Howlett. Nous avons ensuite voulu intervenir pour traiter la fragilité et ainsi améliorer la fonction cardiaque. Et peut-être atténuer les risques de développer une insuffisance cardiaque. » 

Chapitre 2 Fragilité et insuffisance cardiaque

Au début de sa carrière, Mme Howlett a démontré que le vieillissement a des répercussions sur la fonction cardiaque et que celles-ci diffèrent d’un sexe à l’autre (nous y reviendrons plus loin). 

Pour mieux comprendre ces répercussions, elle a utilisé un outil de mesure de la fragilité créé par son mari, le Dr Ken Rockwood. Le Dr Rockwood est un clinicien-chercheur spécialisé en gériatrie. Mme Howlett a adapté cet indice de fragilité pour pouvoir l’utiliser avec des animaux de laboratoire. Les résultats ont été saisissants. 

« Les souris dont le cœur et les cellules fonctionnaient le moins bien étaient celles qui présentaient les résultats de fragilité les plus élevés », mentionne la chercheuse. Elle a constaté que la corrélation était beaucoup plus forte que lorsqu’on tenait uniquement compte de l’âge des animaux.

Le tableau était de plus en plus clair. « Les dommages se produisent d’abord à l’échelle subcellulaire, puis ils commencent à s’accumuler. Ils passent ensuite aux cellules et peuvent entraîner des problèmes, comme l’inflammation chronique, qui endommagent l’organe et, enfin, le système. S’ensuit la défaillance du système, fréquemment observée chez les personnes très fragiles », déclare Mme Howlett. 

Mme Howlett se tient à côté de son équipement de recherche dans son laboratoire.

Après avoir étudié le lien entre la fragilité et la fonction cardiaque, Mme Howlett cible les traitements.

Mme Howlett discute avec un des chercheurs de son équipe.

La recherche de Mme Howlett sur un vieillissement en santé aidera les hommes et les femmes. 

Susan Howlett et son équipe de recherche

Mme Howlett et les membres de son équipe dans leur laboratoire

Elle explique que l’inflammation chronique du cœur provoque le développement de tissus fibreux qui font durcir le muscle cardiaque et l’empêchent de pomper et de se détendre adéquatement. « Il en résulte une insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection préservée, un type d’insuffisance cardiaque très fréquent chez les femmes et les personnes vieillissantes, particulièrement chez les aînés fragiles », explique la chercheuse. 

Chapitre 3 Longévité et prévention chez la femme

Forte d’une meilleure compréhension du lien entre la fragilité et le déclin de la fonction cardiaque, Mme Howlett étudie des solutions pour réduire la fragilité. 

Elle a mené des essais sur l’utilisation de l’énalapril, un inhibiteur de l’ECA. Ce médicament est habituellement prescrit pour réduire la tension artérielle et traiter l’insuffisance cardiaque. « Après l’avoir administré à des souris âgées, nous avons réussi à démontrer qu’il permet de réduire la fragilité. Maintenant, nous étudions ses effets sur le cœur », annonce la chercheuse.

Mme Howlett explique que son équipe a également examiné les effets de l’activité physique. « Nous avons démontré que les souris dont la cage était équipée d’une roue d’exercice étaient beaucoup moins fragiles, surtout les femelles. Nous avons remarqué que non seulement l’exercice prévenait la fragilité, mais qu’il commençait à la réduire. C’était une découverte fort prometteuse. »

Prochaine étape : vérifier si la combinaison de la médication et de l’exercice s’avère encore plus efficace. La chercheuse étudie également les individus moins fragiles pour découvrir quels sont les mécanismes susceptibles de protéger leur fonction cardiaque. 

Tout au long de sa carrière en recherche, Mme Howlett a procédé à l’analyse des données en tenant compte du sexe et du genre, et ce, avant même que cette pratique soit courante ou exigée, comme c’est le cas chez Cœur + AVC et d’autres bailleurs de fonds. Ses plus récents résultats mettent en évidence l’importance de cette façon de faire. 

« Nos données indiquent que ces interventions fonctionnent très bien pour les femelles, affirme Mme Howlett. Chez les mâles, les effets tardent à apparaître et ils sont moindres ».

La chercheuse est très enthousiaste à l’idée de découvrir des traitements pour réduire la fragilité, applicables à toutes les catégories de sexe et de genre.  

« Ce qui m’intéresse, c’est d’allonger la période pendant laquelle les gens sont en santé, et non seulement la durée de vie. C’est de promouvoir le vieillissement en santé, déclare Mme Howlett. Nous mourrons tous un jour, mais de pouvoir passer la majeure partie de notre vieillesse en relativement bonne santé, ce serait déjà beaucoup. »