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Reprendre les rênes après un AVC

Kevin Starlight s’est rétabli d’un AVC grâce à sa propre force et au soutien de sa communauté.

Chapitre 1 Après le rodéo

Le 23 août 2019, ma vie a changé pour toujours. J’avais prévu prendre part à un rodéo avec mon père ce jour-là. Après mes tâches matinales, j’ai fait monter mes chevaux dans la remorque et j’ai pris la route.

Tout au long de la journée, j’ai remarqué que ma main gauche était un peu engourdie, mais je n’en ai pas fait de cas et j’ai effectué deux bons tours de rodéo. Nous nous sommes arrêtés pour manger sur le chemin du retour, puis j’ai regardé la télévision en soirée pour me détendre. Soudainement, j’ai échappé la télécommande que je tenais dans ma main gauche : je ne pouvais plus contrôler le côté gauche de mon corps.

Ma femme Dione, une travailleuse de la santé, a remarqué que quelque chose clochait. Après avoir survolé les signes VITE de l’AVC en ligne, elle a immédiatement appelé le 9-1-1. Je suis tellement chanceux qu’elle ait été à la maison ce soir-là : elle était censée être en visite chez sa famille.

À l’hôpital de Calgary, après quelques tests, on m’a opéré d’urgence. À mon réveil, j’étais désorienté, paralysé et en colère. Les médecins m’ont dit que j’avais subi un grave AVC.

J’étais incapable de marcher, de m’habiller et même d’aller aux toilettes. Deux semaines plus tard, j’ai commencé ma réadaptation post-AVC. Durant les 18 mois qui ont suivi, j’ai travaillé avec des assistants en physiothérapie et en ergothérapie. J’ai immédiatement entamé le travail pour marcher à nouveau et après deux mois en fauteuil roulant, j’ai lentement retrouvé le contrôle de mes jambes, une à la fois. Je suis passé d’un fauteuil roulant à un déambulateur, puis finalement à une canne.

 
Ma vision holistique du monde et mon héritage culturel m’ont aidé à ne jamais abandonner.
Kevin Starlight - Survivant d’un AVC

Chapitre 2 Ma communauté se mobilise

Pendant mon séjour à l’hôpital, des membres de ma famille ont passé des nuits à prier autour de mon lit. Leur présence me donnait de la force. Dans la culture autochtone, il est normal que de nombreux membres de la famille se présentent à l’hôpital. Selon nos pratiques traditionnelles, la famille élargie et les amis participent à des prières, à des séances de sudation et de purification ou à d’autres cérémonies. 

Ma communauté m’a offert son soutien. Heureusement, ma maison a auparavant appartenu à ma grand-mère, alors elle était déjà accessible en fauteuil roulant. Toutefois, il y avait une tonne d’adaptations à faire à l’intérieur. Des amis et des membres de ma famille de la Première Nation Tsuu T’ina m’ont aidé à préparer ma maison avant mon retour. Ça m’a donné un gros coup de main.

Je peux toujours compter sur ma femme. En plus de m’avoir sauvé la vie, Dione m’a accompagné à chaque étape de mon rétablissement. Ma mère a aussi été d’un grand soutien et elle cherchait à aider par tous les moyens possibles. Pour moi, l’état d’esprit et la capacité d’adaptation sont au cœur du rétablissement. Je devais donc avoir la volonté de me rétablir et être convaincu que c’était possible. Et je sais que quand je me concentre sur quelque chose, je réussis toujours.

Mon AVC et mon rétablissement ont changé ma vie; ils m’ont poussé à réfléchir et à apporter des changements. Ma vision holistique du monde et mon héritage culturel m’ont aidé à ne jamais abandonner.

Pour moi, ça impliquait de travailler fort pour retrouver le contrôle de mon corps, mais aussi de concentrer toute mon énergie dans mon rétablissement. Je concentrais mon énergie spirituelle pour trouver la force dans mes croyances, mon énergie mentale pour accepter ce qui s’est passé et me fixer des objectifs, et mon énergie émotionnelle pour puiser dans ma force intérieure.

 

Chapitre 3 Aller de l’avant

Aujourd’hui, je suis de retour au travail à temps plein en tant que coordonnateur des événements spéciaux pour la Première Nation Tsuu T’ina.

Je suis fier de pouvoir marcher sans aide. Après en avoir appris davantage sur l’AVC et sur moi-même, je me suis fixé des objectifs, notamment celui de faire 5 000 pas tous les jours. Mon bras et ma main gauches sont encore légèrement paralysés, mais je travaille chaque jour pour y remédier.

J’apprends à gérer les choses calmement et à ne pas être trop dur avec moi-même. Cette expérience m’a aussi appris qu’il ne faut jamais abandonner. Je conduis désormais seul, mais seulement dans la réserve. Dione continue de conduire pour les courts trajets et les déplacements en ville. 

Mon objectif ultime reste de me rétablir complètement pour reprendre ma routine et le rodéo. Le rodéo et la compétition me procurent un grand bonheur. Un jour, je réaliserai mon rêve de terrasser un bouvillon!

Mon neurologue et mes physiothérapeutes ne voient aucun inconvénient à ce que je monte à cheval tous les jours, puisque ça me fait du bien non seulement sur le plan physique, mais aussi sur les plans spirituel et émotionnel. C’est ce qu’on appelle la thérapie équine, qui repose sur l’idée que les animaux connaissent nos besoins.

Je parle souvent à Dieu. Je suis reconnaissant de toutes les belles choses qui m’arrivent et je vis selon les enseignements du Seigneur.

En tant qu’ancien policier et directeur général de la Première Nation Tsuu T’ina, je savoure chaque journée. Je suis reconnaissant de pouvoir me lever le matin, aller au travail et profiter de la vie. 

Mon AVC a transformé toute ma vie, et pas seulement sur le plan physique. Au lieu de dire que j’ai subi un AVC, je préfère dire que j’ai survécu à un AVC.