Une championne de la santé du cœur

Joannie Rochette, olympienne en patinage artistique, parle de la crise cardiaque qui a emporté sa mère, et de sa passion pour la santé du cœur des femmes.

Le lien entre Joannie Rochette et les maladies cardiovasculaires s’est créé de manière tragique en 2010. Sa mère, Thérèse, est décédée d’une crise cardiaque deux jours avant que la jeune patineuse artistique remporte une médaille de bronze aux Jeux olympiques de Vancouver. Elle parle de son expérience et de l’espoir de voir plus de femmes faire de leur santé cardiaque une priorité.

Parlez-nous de vos débuts en patinage artistique et du rôle joué par votre mère.

J’ai commencé à patiner à deux ans sur la rivière devant chez moi. C’était une activité que nous faisions en famille. Ma mère a été présente dès le début. Elle venait voir presque toutes mes pratiques. Elle a été là tout au long de ma carrière.

Lorsque votre carrière a atteint son apogée, aux Jeux olympiques de 2010, vous avez perdu votre mère. Est-ce qu’il y avait des signes précurseurs de ce départ?

J’ai perdu ma mère d’une crise cardiaque. Elle avait 55 ans. Ça fait maintenant sept ans. Ça a été un choc pour ma famille et moi; c’était vraiment inattendu. On ne savait pas que ma mère était malade. Je pensais que les maladies du cœur étaient des maladies qui touchent plutôt les hommes d’un certain âge. Je ne pensais pas que ça pouvait toucher les femmes aussi jeunes que ma mère. Je me souviens qu’elle s’en faisait pour mes performances en patinage, pour la façon dont je m’alimentais. Elle voulait être certaine que je sois en santé. Elle préparait les repas pour mon père et moi. Quand venait son tour, elle pouvait manger des croustilles pour le souper. Elle ne prenait pas le temps de se mettre en forme ni de bien s’alimenter. 

Quelle a été l’influence de votre mère sur votre vie?

Ma mère était ma gérante, ma secrétaire, ma meilleure amie, ma psychologue… On était très soudées. C’est grâce à elle que j’ai pu réussir dans le patinage, mais c’est aussi grâce à elle que j’ai été capable de continuer et de surmonter son décès. Ma mère était une personne très fonceuse. Chaque fois que je vivais des défaites, que j’avais des obstacles à surmonter dans la vie, c’est elle qui était là et qui me disait de foncer. C’est quand je suis sur la glace que je me sens le plus près d’elle. Je l’entends encore me dire que ma triple boucle n’était pas assez bonne et de recommencer. Après Vancouver, les gens me disaient de prendre un congé de patinage, de rester chez moi faire mon deuil. Mon deuil, je l’ai vécu sur la glace, avec ma famille de patinage, à écouter, d’une certaine façon, les conseils de ma mère. L’amour d’une mère, c’est un amour inconditionnel. Je savais qu’elle était tout le temps présente, qu’elle voulait ce qu’il y a de mieux pour moi. 

Pourquoi pensez-vous que les femmes ne se considèrent pas à risque de maladies du cœur ou d’AVC?

Les femmes prennent soin de leur famille. Elles pensent à leurs enfants et à leur mari avant elles-mêmes. Souvent, elles s’oublient et ignorent les symptômes qu’elles ressentent. Après le décès de ma mère, j’ai trouvé un petit papier dans son porte-monnaie où elle avait écrit les symptômes qu’elle ressentait. J’imagine qu’elle voulait en faire part à son médecin, mais elle a trop attendu. Elle avait une douleur à l’épaule, des engourdissements dans les mains, et sa vision était un peu trouble. Quand j’ai lu ça, je me suis sentie coupable. Coupable de ne pas l’avoir remarqué. Coupable de ne pas avoir mieux communiqué avec elle, de ne pas avoir été plus présente pour l’aider. 

Pourquoi est-ce important pour vous de parler des maladies du cœur chez les femmes?

C’est vraiment important pour moi de m’impliquer le plus possible pour parler des maladies du cœur, pour qu’il y ait plus de financement pour la recherche et la prévention, surtout pour l’éducation des femmes. J’ai perdu ma mère beaucoup trop jeune. Si la population connaît mieux les symptômes chez les femmes, qui sont moins précis que chez les hommes, peut-être pourrons-nous sauver la vie d’une autre femme. 

Quel message aimeriez-vous faire aux bénévoles et aux donateurs qui soutiennent Cœur + AVC? 

C’est impressionnant de voir autant de gens qui s’impliquent pour cette cause. On connaît tous un proche ou un ami qui a été affecté par les maladies cardiovasculaires. Quand on met les bénévoles et les donateurs ensemble, on peut vraiment faire avancer les choses. Sans eux, il ne serait pas possible de financer tous les programmes de la fondation, que ce soit sur le plan de la prévention, de l’éducation ou de la recherche. Il n’y aurait pas de nouvelles découvertes médicales. Du fond du cœur, merci beaucoup! 

Aidez à sensibiliser la population pour combattre les inégalités en santé.