Julie Tomaino était une chorégraphe et professeure de danse de 38 ans en forme et en santé lorsque ses deux artères carotides se sont déchirées, entraînant un AVC grave des deux côtés de son cerveau.
Elle a été atteinte du syndrome de verrouillage (paralysie motrice) pendant plus d’une semaine. Elle ne pouvait bouger aucune partie de son corps, sauf ses yeux, ni émettre des sons ou réagir à quoi que ce soit. Alors que la plupart des gens auraient paniqué dans cette situation, Julie décrit son expérience comme une période sereine puisqu’elle savait que son corps avait besoin de repos pour guérir. Cette force et cette résilience lui ont été bénéfiques, car elle a par la suite pu être transférée au Toronto Rehabilitation Institute pour suivre une thérapie intensive de rétablissement.
À son arrivée, Julie a été claire par rapport à ses objectifs : « Je suis professeure de danse et chorégraphe, et je veux continuer à l’être. » Ce à quoi son équipe de soins lui a répondu : « D’accord, nous serons tes danseurs. » C’est ainsi que l’élève est devenue la professeure et que la danse est entrée dans son programme de réadaptation.
Julie se souvient qu’au début, elle parlait lentement, un mot à la fois. « Je voulais sauter; je savais ce qu’était un saut, mais je n’arrivais pas à soulever mes pieds du sol. » Tous les aspects de sa thérapie (orthophonie, physiothérapie et ergothérapie) ont été intégrés dans la planification et l’organisation d’une danse sur le succès de Queen We Will Rock You, laquelle a été présentée devant public.
La danse comme moyen de réadaptation
Selon Kara Patterson, dont les travaux de recherche sont financés grâce aux donateurs de Cœur + AVC, la danse représente un potentiel unique de réadaptation après un AVC. Non seulement la danse est une forme d’exercice, elle pourrait contribuer au changement neuroplastique (capacité du cerveau à se restructurer en formant de nouvelles connexions), et ainsi améliorer l’équilibre, la mémoire et plus.
La danse aide à augmenter la capacité des gens à bouger et à maintenir leur équilibre.
Dre Kara Patterson et sa collègue, la Dre Dina Brooks, tentent actuellement de déterminer si la danse peut améliorer l’équilibre et la marche chez les survivants d’AVC, augmenter leur niveau de confiance, diminuer leur sentiment d’isolement social et mener à une amélioration de leur qualité de vie globale.
« La danse aide à augmenter la capacité des gens à bouger et à maintenir leur équilibre; une amélioration de leurs habiletés signifie une augmentation de leur confiance, indique Dre Kara Patterson. Une patiente avec qui j’ai travaillé mentionnait qu’elle avait acquis la confiance qu’il lui manquait pour sortir seule plus souvent et même pour prendre le métro. D’autres ont mentionné qu’ils aimaient les cours parce qu’ils sentaient qu’ils y participaient comme étudiants en danse, et non comme personnes ayant subi un AVC. »
Si l’étude démontre que les cours de danse ont un effet positif, la prochaine étape sera de déterminer la façon dont des programmes peuvent être mis en place dans la communauté afin que les survivants d’AVC puissent y participer.
Julie est de retour au travail comme chorégraphe à temps plein et a été engagée pour plusieurs productions, mais elle a allégé son horaire et mène une vie plus équilibrée.
La notion d’équilibre fait partie intégrante de son message aux autres survivantes : « Il est important que vous agissiez pour vous prendre en main. Personne ne peut le faire à votre place. Cependant, prenez le temps dont vous avez besoin. Le temps que vous vous accordez dictera le temps que vous pourrez accorder aux autres dans le futur. Vous devez prendre soin de vous en premier.
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