Dre Jacqueline Joza, cardiologue

Cœur

Combattre l’insuffisance cardiaque

La Dre Jacqueline Joza travaille sur une innovation qui pourrait prévenir l’insuffisance cardiaque.

Chapitre 1 Des vies transformées

La Dre Jacqueline Joza aime réparer l’irréparable.

La cardiologue montréalaise se souvient d’un de ses patients, un artiste septuagénaire qui avait abandonné son rêve de revoir un jour son pays natal, l’Inde. Il souffrait d’une insuffisance cardiaque qui faisait en sorte que ses reins ne recevaient pas assez de sang, d’oxygène et de nutriments. Il allait bientôt devoir subir des dialyses pour rester en vie.

« Après avoir examiné son électrocardiogramme, je lui ai dit que nous pourrions faire quelque chose pour l’aider », explique la Dre Joza, professeure adjointe à la faculté de médecine de l’Université McGill.

La possibilité de transformer la vie des patients est certainement l’une des raisons qui ont poussé la Dre Joza à s’intéresser à la sous-spécialité de l’électrophysiologie, qui étudie les troubles touchant le système électrique du cœur.

En implantant un dispositif ou en pratiquant une intervention pour stabiliser le rythme cardiaque, elle peut améliorer la qualité de vie de nombreuses personnes souffrant d’insuffisance cardiaque, de fibrillation auriculaire et d’autres maladies. « Nous pouvons faire en sorte que ces personnes souffrent moins de symptômes d’essoufflement et fonctionnent mieux au quotidien. »

Cela dit, quand il s’agit d’insuffisance cardiaque, la Dre Joza ne vise pas uniquement une réduction des symptômes; elle veut d’abord et avant tout prévenir l’apparition de cette maladie. 

La Dre Joza, cardiologue, à son bureau dans son laboratoire

La recherche de la Dre Joza se concentre sur les troubles du système électrique du cœur.

La Dre Joza travaillant dans son laboratoire

La Dre Joza croit que sa nouvelle technique pourrait prévenir l’insuffisance cardiaque. 

La Dre Joza, portant un sarrau, pose pour une photo

L’essai clinique de la Dre Joza compare la nouvelle technique à la technique traditionnelle. 

Cela dit, quand il s’agit d’insuffisance cardiaque, la Dre Joza ne vise pas uniquement une réduction des symptômes; elle veut d’abord et avant tout prévenir l’apparition de cette maladie. 

Chapitre 2 Des stimulateurs imparfaits

Environ 25 000 stimulateurs cardiaques sont implantés chaque année au Canada, principalement chez des personnes de plus de 60 ans, afin de prévenir le ralentissement du rythme cardiaque. La Dre Joza elle-même réalise des centaines de ces interventions chaque année.

Bien que les stimulateurs cardiaques résolvent un problème important, ils peuvent étonnamment entraîner un problème encore plus grave : l’insuffisance cardiaque.

Chez environ le quart des personnes qui ont reçu un stimulateur cardiaque pour stimuler la cavité inférieure de leur cœur, ces dispositifs d’importance vitale finissent par affaiblir la fonction cardiaque en prenant la place du système électrique naturel.

« Et si ce problème pouvait être évité? », se demande la Dre Joza. Avec le soutien des donateurs de Cœur + AVC, elle dirige des travaux de recherche sur une nouvelle technique d’implantation appelée « stimulation du système de conduction ». Cette innovation permet de faire fonctionner le dispositif en harmonie avec le système électrique du cœur. L’objectif est de faire en sorte que le cœur continue à battre de lui-même et de prévenir l’apparition d’une insuffisance cardiaque.

Le stimulateur cardiaque lui-même n’a pas changé, explique la Dre Joza, mais il est implanté ailleurs dans le cœur, ce qui n’avait jamais été envisagé auparavant. Elle enseigne cette nouvelle technique à des collègues partout au pays en vue d’un essai clinique qui débutera en 2022. 

Nous sommes très enthousiastes. Et nous pensons que ce sera l’avenir.
Dre Jacqueline Joza - Cardiologue

Le stimulateur cardiaque lui-même n’a pas changé, explique la Dre Joza, mais il est implanté ailleurs dans le cœur, ce qui n’avait jamais été envisagé auparavant. Elle enseigne cette nouvelle technique à des collègues partout au pays en vue d’un essai clinique qui débutera en 2022. 

Chapitre 3 Un avenir différent

Pourquoi se concentrer sur l’insuffisance cardiaque? Parce que même avec des traitements améliorés, la prise en charge de cette maladie demeure particulièrement difficile, explique la Dre Joza.

Les personnes qui en sont atteintes peuvent être essoufflées et épuisées par des activités de la vie quotidienne comme monter des escaliers. Elles ont fréquemment besoin de consultations médicales et doivent souvent être hospitalisées. On estime que 750 000 personnes au pays vivent avec une insuffisance cardiaque, et la plupart d’entre elles meurent dans les cinq ans suivant le diagnostic.

« Nous espérons vraiment trouver les moyens d’intervenir pour prévenir cette terrible maladie qu’est l’insuffisance cardiaque », affirme la Dre Joza.

Son essai clinique permettra de comparer la nouvelle technique d’implantation avec la technique traditionnelle. L’équipe effectuera un suivi auprès des patients pour une durée maximale de trois ans, en demeurant au fait de leur état de santé, de leurs séjours à l’hôpital et d’autres facteurs.

De plus, comme il s’agit d’un aspect qui importe beaucoup à la Dre Joza, l’essai clinique permettra de savoir comment se sentent les participants et quelle est leur qualité de vie. La chercheuse souhaite donner aux personnes âgées la chance de se sentir bien et de vivre de beaux moments au quotidien avec leurs proches.

Elle a été témoin d’une telle transformation chez l’artiste d’origine indienne qu’elle a soigné. Après qu’elle lui ait implanté un stimulateur cardiaque de resynchronisation pour stabiliser sa fonction cardiaque, il a pu voyager à nouveau et se remettre à créer des tableaux. Il en a d’ailleurs offert quelques-uns à la Dre Joza en gage de remerciement.

Alors que l’insuffisance cardiaque de ce patient a été prise en charge grâce à son traitement, la Dre Joza estime que les nouvelles recherches permettront de prévenir l’apparition de cette maladie pour un nombre accru de personnes.

Si l’essai clinique est aussi concluant qu’elle le prévoit, la nouvelle technique d’implantation des stimulateurs cardiaques finira par être utilisée à grande échelle. « Nous sommes très enthousiastes et nous estimons que les traitements futurs évolueront dans le même sens que nos travaux. »

Bref, elle est prête à combattre l’insuffisance cardiaque.