Dr Mark Bayley

AVC

Élaborer des recherches qui tiennent compte des femmes

Le Dr Mark Bayley s’efforce de faire en sorte que plus de femmes participent aux essais cliniques

Chapitre 1 L’inégalité des chances

Le Dr Mark Bayley aimerait que toutes les victimes d’AVC se rétablissent. En tant que physiatre spécialisé en réadaptation, il aide les patients à recouvrer les fonctions perdues à la suite d’un AVC ou d’un autre type de lésion cérébrale.

Il fait cependant face à un obstacle : certaines thérapies ne fonctionnent pas aussi bien pour tous les patients.

« Bon nombre des traitements recommandés pour les femmes et les hommes sont fondés sur les résultats d’essais cliniques dont moins de 30 % des participants étaient des femmes », déclare le Dr Bayley, directeur médical à l’Institut de réadaptation de Toronto du réseau universitaire de santé.

« C’est un réel problème, ajoute-t-il. Nous savons que les femmes, en raison de différences biologiques et de différences liées aux rôles de genre, peuvent réagir différemment aux divers traitements et thérapies. » 

Chapitre 2 Un besoin urgent

Les femmes qui subissent un AVC sont plus susceptibles que les hommes d’en mourir et, lorsqu’elles y survivent, leurs séquelles sont plus graves. Les femmes sont 60 % moins susceptibles que les hommes de retrouver leur autonomie à la suite d’un AVC, et elles se retrouvent deux fois plus souvent dans un établissement de soins de longue durée.

Dr Mark Bayley

Le Dr Bayley cherche des façons d’augmenter la participation des femmes aux essais cliniques.

Le Dr Mark Bayley dans son laboratoire

Le Dr Bayley aide des gens ayant subi un AVC ou un autre type de lésion cérébrale à retrouver leurs capacités.

Les femmes sont également moins susceptibles de participer à des programmes de réadaptation. Le Dr Bayley déclare qu’on ignore pourquoi, mais qu’un préjugé fondé sur le genre au sein du système de soins de santé pourrait en être la cause. La situation pourrait aussi s’expliquer par le fait que les femmes subissent des AVC à un âge plus avancé que les hommes, et qu’elles habitent souvent seules et n’ont pas d’aidants.

Les chercheurs connaissent depuis des années les différences liées aux genres en matière de santé cardiovasculaire. Le Dr Bayley et ses collègues se sont demandé pourquoi les femmes ne participent pas aux essais cliniques. « La situation a été observée dans une multitude de domaines de recherche, et en particulier en soins cardiovasculaires », mentionne-t-il.

Pour comprendre les obstacles qui tiennent les femmes à l’écart de la recherche, le Dr Bayley a lancé en 2022 une étude intitulée EMPOW-HER. Des chercheurs de partout au pays y prennent part, dont les spécialistes de la place des sexes et des genres en recherche, les Dres Shannon Macdonald et Amy Yu, et Mme Susan Marzolini. Les chercheurs tentent de découvrir comment augmenter la participation des femmes aux essais cliniques dans le domaine de la recherche sur le rétablissement après un AVC.

Chapitre 3 De nouveaux outils

Le projet consiste à mener des entrevues auprès de femmes et d’hommes qui ont participé à des essais cliniques, et auprès d’autres qui ne l’ont pas fait, afin d’essayer de comprendre leurs motivations. De plus, l’équipe de recherche étudiera des données sur la santé afin de déterminer combien de femmes ont suivi un programme de réadaptation et combien ont participé à des essais cliniques.

« Nous voulons comprendre les raisons pour lesquelles les femmes pourraient ne pas participer aux recherches, ajoute le Dr Bayley. Est-ce lié au statut socioéconomique? Est-ce simplement parce qu’elles ont une approche différente de leur santé? Nous l’ignorons. » Le Dr Bayley reconnaît que sa proposition de recherche comprend une liste de raisons possibles « longue comme le bras ».

Il veut s’assurer que les découvertes faites dans le cadre de l’étude EMPOW-HER auront un impact concret. « Notre objectif est de créer une boîte à outils qui pourrait aider les recruteurs à mieux comprendre les préoccupations des femmes, déclare le Dr Bayley. Nous espérons que ce projet se concrétise sous la forme d’un guide qui permettra de faire en sorte que les prochains essais soient plus équilibrés. »

Un des objectifs à court terme de cette étude est d’améliorer l’équilibre entre les genres dans les essais cliniques portant sur la réadaptation après un AVC. Cet objectif est soutenu par les donateurs de Cœur + AVC par l’entremise du Partenariat canadien pour le rétablissement de l’AVC de Cœur + AVC. De plus, des chercheurs de tous les domaines des sciences médicales souhaitant mieux équilibrer leurs essais cliniques pourraient tirer parti de ces découvertes.

Avec le temps, les résultats de l’étude EMPOW-HER devraient permettre de répondre à certaines de nos questions sur les femmes et l’AVC qui demeurent en suspens et, ultimement, de fournir des données plus solides pour des traitements de réadaptation adaptés à chaque personne.

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