Annie en quête de réponses

La vérité sur ses crises cardiaques a échappé aux médecins pendant des années
Annie Richard se tenant debout devant un arbre à fleurs pourpres

Annie Richard a survécu quatre fois aux conséquences d’une maladie du cœur. Ni elle ni les médecins n’ont su reconnaître la gravité de son problème de santé avant qu’il ne soit presque trop tard.

Dès son enfance, Annie éprouvait occasionnellement des palpitations cardiaques. Elle, tout comme les médecins, les associait au stress. Elle ne passait donc jamais de tests pour voir si ce symptôme indiquerait quelque chose de plus sérieux.

À 28 ans, Annie a donné naissance à son fils Victor. Les crises de palpitations étaient alors plus fréquentes et duraient de 45 à 60 minutes. La mère d’Annie, laquelle était alors infirmière, a été témoin d’une crise et lui a conseillé de se rendre au service des urgences. 

À son arrivée à l’hôpital, Annie avait un pouls de 256 battements par minute. Elle a été immédiatement dirigée vers l’Institut de Cardiologie de Montréal (ICM), où le cardiologue lui a diagnostiqué une tachycardie paroxystique supraventriculaire, une forme d’arythmie.

Même après avoir subi une ablation par cathéter pour freiner ses épisodes de tachycardie, Annie a parfois ressenti des douleurs à la poitrine. Elle en a parlé à son cardiologue et à son médecin de famille. Toutefois, comme elle était jeune et active, qu’elle avait de saines habitudes de vie et que ses tests ne montraient rien d’anormal, les médecins ne s’en souciaient pas.

Douleur et déni

Six ans plus tard, un matin de décembre, Annie a soudainement ressenti une vive douleur à la poitrine et au dos en déneigeant sa voiture. La veille au soir, alors que son mari de l’époque se remettait d’une appendicite aiguë, elle avait pelleté la neige de son entrée.

« C’était comme un feu ardant. Je pensais m’écrouler, mais j’ai trouvé la force d’entrer dans la maison. »

Annie s’est étendue sur le canapé. Elle se disait : « Je ne peux pas faire une crise cardiaque. Je suis trop jeune; j’ai une bonne alimentation; je fais du sport… Je suis en santé! » Annie s’est persuadée que sa douleur était liée à une gastroentérite ou à un reflux gastrique, et a décidé de ne pas appeler une ambulance.

 

« C’était comme un feu ardant. Je pensais m’écrouler. »

Annie Richard

Toujours dans le déni, Annie a ignoré la douleur qui est réapparue pendant des semaines, même après des efforts légers. 

« J’ai commencé à prendre de l’aspirine par précaution. Je me disais que j’irais consulter un médecin après le temps des Fêtes. »

Dans la nuit du 1er janvier, Annie s’est réveillée avec de fortes nausées et des douleurs au dos, au cou, au bras gauche et à la mâchoire. 

« Encore une fois, j’ai rationalisé mes symptômes, et je ne voulais pas réveiller ma famille. J’ai pris un autre cachet d’aspirine, je suis retournée me coucher et j’ai attendu que la douleur passe. »

À son réveil, Annie a effectué des recherches sur le Web à propos de ses symptômes. À la suite de quoi, elle s’est rendue à l’évidence : elle devait se rendre à l’hôpital. Elle est alors allée à l’ICM.

Diagnostic tragique

Après plusieurs heures et toute une batterie de tests, une médecin était enfin prête à éclairer l’état de santé d’Annie. 

« Elle a fermé les rideaux autour de mon lit, a pris ma main et m’a dit que j’avais fait une crise cardiaque la nuit précédente. Ça a été un véritable choc pour moi. »

Une des artères coronaires d’Annie s’était rompue, probablement en décembre lorsqu’elle avait déneigé sa voiture. Par conséquent, le vaisseau s’était complètement bloqué. Ainsi, le lendemain, Annie s’est fait installer une endoprothèse artérielle. Elle devait maintenant s’ajuster à sa nouvelle réalité. 

« À 39 ans, on n’est pas préparé à une crise cardiaque. Malheureusement, les maladies du cœur peuvent frapper n’importe qui, n’importe quand. » 

Après son opération, elle a suivi un programme de réadaptation cardiaque au Centre Épic de l’ICM. Ce programme lui a permis d’accepter ce qui lui était arrivé et d’améliorer davantage son alimentation et ses habitudes de vie. Sa réadaptation mentale a toutefois été plus lente.

« J’ai beaucoup pleuré, mais maintenant, c’est derrière moi. La maladie a été une occasion de faire le point sur ma vie. »

En quête d’une cause

La cause de la crise cardiaque d’Annie demeurait un mystère pour les médecins. À ses bilans de santé, son cardiologue voyait un cœur en santé et de très belles artères, et ce, bien qu’elle souffrait alors, plusieurs fois par semaine, d’une douleur causée par une angine de poitrine parfois grave (douleur thoracique). 

Cinq ans plus tard, Annie a subi une autre crise cardiaque. À première vue, l’urgentologue a cru que sa patiente souffrait d’un problème pulmonaire dû à au rhume, malgré l’historique cardiaque de cette dernière. Et un an après cette visite au service des urgences, Annie faisait encore une crise cardiaque. 

Finalement, grâce à un angiogramme, le cardiologue a décelé des spasmes artériels. Annie a enfin reçu un diagnostic juste d’angine vasospasique. Il s’agit d’une affection rare dont la douleur ressentie est causée par des spasmes dans l’artère coronaire. Heureusement, elle se traite bien par des médicaments, quoiqu’elle soit actuellement incurable.

Aujourd’hui, Annie mise sur les activités qui la rendent heureuse, comme la voile, le ski de fond et la création de son entreprise de consultation. Elle est résolue à garder le contrôle de sa vie. 

« Je me sens bien et heureuse. La maladie me guettera toujours, mais j’ai appris à vivre avec elle. Contrairement à la croyance populaire, il peut y avoir une vie après une crise cardiaque. »

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