Déchiffrer les codes génétiques pour prévenir les crises cardiaques
La recherche du Dr Robert Hegele permet de prolonger des vies qui autrement auraient pu être écourtées
Chapitre 1 Un héritage risqué
Le père du Dr Rob Hegele a failli mourir d’une crise cardiaque à 49 ans, et sa mère en a subi une à 60 ans. Ils se sont tous les deux rétablis grâce à un pontage et à des médicaments permettant de maîtriser leur taux élevé de cholestérol.
Le Dr Hegele sait que sa famille a été chanceuse. Pour de nombreuses autres, présentant aussi des antécédents de cholestérol élevé, l’histoire s’est terminée sur une note tragique : des personnes sont décédées prématurément et des enfants ont dû grandir sans l’un de leurs parents.
Ce n’est pas un hasard si le Dr Hegele, professeur de médecine à l’Université Western, est devenu un expert mondialement reconnu de l’hypercholestérolémie héréditaire. L’orientation de ses recherches est motivée par son expérience personnelle et par son engagement envers les centaines de personnes atteintes de ce trouble qui viennent à sa clinique de London, en Ontario.
plus à risque de crise cardiaque ou d'AVC si vous portez ce gène.
Dans le cadre de recherches financées par les donatrices et donateurs de Cœur + AVC, il a découvert plusieurs mutations différentes d’un seul gène qui déclenchent une hypercholestérolémie (taux élevé de cholestérol) chez environ une personne sur 250 au pays, ce qui entraîne un risque de crise cardiaque ou d’AVC jusqu’à 20 fois plus élevé.
Son équipe a mis au point un test d’ADN permettant de diagnostiquer cette affection, appelée hypercholestérolémie familiale, et a contribué à l’évaluation de nouveaux médicaments pour la traiter. Le test est maintenant utilisé partout dans le monde. En 2024, l’Ontario deviendra la première province à le rembourser par l’entremise de son régime d’assurance maladie.
Aujourd’hui, le Dr Hegele s’attaque à un adversaire plus complexe qui touche probablement beaucoup d’autres personnes : l’hypercholestérolémie déclenchée par de multiples gènes, ou polygénique.
Chapitre 2 Pourquoi le cholestérol est-il problématique?
Le cholestérol est un type de graisse qui remplit des fonctions clés dans l’organisme; c’est un élément constitutif de cellules et d’hormones, de même qu’un neurotransmetteur dans le cerveau.
Cependant, lorsque son taux est trop élevé dans le sang – surtout le taux de cholestérol LDL (low-density lipoprotein) ou « mauvais cholestérol » – « il peut commencer à adhérer aux parois des vaisseaux », dit le Dr Hegele. Des plaques cireuses peuvent s’accumuler dans les artères et bloquer la circulation du sang vers le cœur et le cerveau, et causer une crise cardiaque ou un AVC.
L’équipe du Dr Hegele analyse une énorme quantité de données génomiques afin de trouver des tendances à l’origine des maladies du cœur et de l’AVC. Le Dr Hegele et son équipe ont réalisé des découvertes importantes grâce au soutien des donatrices et donateurs de Cœur + AVC.
La plupart des gens savent qu’une mauvaise alimentation peut faire augmenter le taux de cholestérol, mais elle ne représente que 10 à 15 % du taux total, affirme le chercheur. « Le reste dépend de votre génétique. »
Le Dr Hegele a décidé d’analyser l’ADN de ses patientes et patients et d’utiliser la génétique pour tenter de résoudre le problème. « Lorsque j’ai commencé mes travaux, c’était vraiment inusité de faire de la recherche génomique et du génotypage dans un cadre de prévention des maladies cardiovasculaires chez l’adulte. » Depuis, ces pratiques sont devenues monnaie courante grâce à l’essor fulgurant des données génétiques qui font la lumière sur de nombreuses maladies.
Chapitre 3 Des traitements personnalisés
L’analyse du gène responsable de l’hypercholestérolémie familiale a été relativement simple, comparativement au défi de trouver de multiples erreurs génétiques qui, une fois combinées, causent l’hypercholestérolémie polygénique.
Le Dr Robert Hegele est un expert mondialement reconnu de l’hypercholestérolémie héréditaire.
« L’étude de ces données sans outil technologique serait équivalente à la recherche, à l’œil nu, d’un caillou à la surface de la Lune », affirme le Dr Hegele.
Le test d’ADN mis au point par l’équipe du Dr Hegele est maintenant utilisé partout dans le monde pour diagnostiquer l’hypercholestérolémie héréditaire.
Pour y arriver, l’équipe du Dr Hegele utilise des ordinateurs très puissants qui lui permettent d’éplucher une énorme quantité de données génomiques afin de trouver des tendances récurrentes dans les régions chromosomiques associées aux maladies du cœur et à l’AVC. « L’étude de ces données sans outil technologique serait équivalente à la recherche, à l’œil nu, d’un caillou à la surface de la Lune. »
« D’après nos recherches jusqu’à présent, les risques sont individuels, car chaque personne possède un code génétique unique », dit-il. L’objectif est d’établir des profils détaillés qui lui permettront, ainsi qu’à d’autres spécialistes, d’évaluer le risque de chaque patiente ou patient avec précision et de mettre au point des traitements personnalisés.
Le Dr Hegele adopte une approche semblable pour étudier les triglycérides, un autre type de graisse qui circule dans le sang. « La manière dont les triglycérides endommagent les artères est plus complexe, et nous avons besoin de recueillir plus de données probantes », affirme-t-il. « À l’heure actuelle, nous n’avons pas de traitement efficace en cas de taux vraiment élevé de triglycérides. »
Le Dr Hegele retire une grande satisfaction de toutes ces recherches qui permettent de prévenir ou de retarder les crises cardiaques et les AVC, et qui prolongent réellement la vie de personnes de dizaines d’années. Il est témoin de ces résultats tous les jours lorsqu’il voit les patientes et patients qu’il traite. Autrefois, ces gens auraient peut-être subi une crise cardiaque à 34 ans et seraient décédés avant 40 ans. « Mais aujourd’hui, ces personnes ont 70 ans ou plus et viennent me voir chaque année à la clinique, et me montrent des photos de leurs petits-enfants. »
Le financement ininterrompu des recherches du Dr Hegele, fourni par les donatrices et donateurs de Cœur + AVC depuis qu’il a reçu sa première subvention en 1991, a joué un rôle clé dans ses réalisations. « En fait, Cœur + AVC m’a fait confiance dès le début lorsqu’elle a décidé de financer mes recherches », déclare-t-il. « Je lui suis éternellement reconnaissant. Sans le soutien des bénévoles et des donatrices et donateurs, je ferais quelque chose de complètement différent. »
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