La solitude, l’isolement et la santé cardiaque

Voici comment gérer l’isolement pour réduire le risque de crise cardiaque et d’AVC.

Les êtres humains sont naturellement des créatures sociales. Dans le passé, nous avions besoin les uns des autres pour nous protéger et nous procurer de la nourriture. De nos jours, les dangers de l’isolement ne sont plus aussi flagrants, mais l’isolement social et la solitude sont toujours néfastes pour la santé.

Malgré les liens que nous pensons entretenir avec les médias sociaux, près de la moitié des adultes se sentent seuls ou exclus et un quart d’entre eux sont socialement isolés. Avec la pandémie et ses mesures restrictives de confinement, ces chiffres risquent d’être beaucoup plus élevés.

Isolement social ou solitude? 

Bien que l’on fasse souvent référence à la solitude et à l’isolement social de manière interchangeable, il s’agit de concepts différents. L’isolement social désigne la séparation physique d’une personne par rapport aux autres, tandis que la solitude est la perception d’être seul. On peut se sentir seul même lorsqu’on est entouré de beaucoup de gens. De même, on peut vivre seul sans se sentir isolé, à condition d’avoir un solide réseau social.

L’isolement social et la solitude ont tendance à être plus élevés chez les personnes âgées, ce qui est compréhensible. Avec l’âge, des amis et des membres de la famille peuvent être décédés, et une mobilité réduite peut nous empêcher d’interagir avec les autres. En outre, le manque d’éducation, les faibles revenus et le célibat augmentent les risques d’être isolé ou de se sentir seul. Toutefois, les jeunes adultes peuvent également connaître la solitude, et ce, de façon plus importante que ceux d’âge moyen.

Ce que cela signifie pour votre santé 

L’isolement social et la solitude peuvent augmenter les risques de maladie du cœur, d’AVC et de décès précoce. Une étude a révélé que le fait d’être isolé socialement était associé à une augmentation de 60 à 70 % du risque de décès sur une période de sept ans. Certains chercheurs ont même suggéré que le fait d’être isolé ou seul équivaut à fumer 15 cigarettes par jour.

Bon nombre des effets négatifs de l’isolement et de la solitude sur la santé peuvent être dus à une augmentation des facteurs de risque. En effet, les personnes qui se sentent seules ont une pression artérielle plus élevée. Des études sur des animaux ont montré que l’isolement peut raidir les vaisseaux sanguins. En outre, la solitude et l’isolement permanents peuvent toucher le système immunitaire et entraîner de l’inflammation, ce qui augmente la vulnérabilité aux maladies et aux infections.

Le manque de contacts peut également avoir un effet sur le traitement médical. Les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque qui se sentent seules sont hospitalisées plus souvent et décèdent plus tôt que celles qui se sentent bien entourées. Le fait d’être atteint d’une maladie chronique peut également conduire à l’isolement social et à la solitude, en raison de limitations physiques ou d’un manque d’énergie.

De plus, il existe un lien étroit entre l’isolement social et la solitude, et le bien-être mental. Les deux lacunes sont associées à une augmentation de l’anxiété et de la dépression. Chez les souris, quatre semaines d’isolement ont entraîné des troubles durables de la mémoire et des fonctions mentales.

Gestion de l’isolement et de la solitude 

L’isolement et la solitude étant si communs, et encore plus pendant la pandémie, il est probable que l’un de vos proches ou vous-même vous sentiez seul ou isolé. Voici quelques conseils qui peuvent vous aider.

  1. Multiplier ses contacts sociaux : Si vous ne pouvez pas voir des gens en personne, le contact par téléphone ou par vidéoconférence est tout aussi efficace. Il n’est pas nécessaire d’avoir une raison! Simplement vouloir dire bonjour est une raison aussi valable que n’importe quelle autre. Gardez à l’esprit que ce n’est pas le nombre de connexions qui compte, mais la qualité.
  2. Faire du bénévolat : Une méta-analyse de 40 études a révélé que les personnes qui faisaient du bénévolat diminuaient leur risque de décès précoce. Cette activité sociale améliore la santé et le bien-être général. Les personnes qui font du bénévolat peuvent diminuer leur risque d’hypertension et se déclarent en meilleure santé.
  3. Prendre soin d’un animal de compagnie : Des études ont révélé qu’un animal de compagnie peut procurer des avantages psychologiques positifs, comme la réduction des sentiments de solitude et d’isolement.
  4. Chanter et écouter de la musique : Chanter dans un groupe ou seul, et même simplement écouter de la musique, peut libérer de l’ocytocine, l’hormone de l’amour, et vous faire sentir connecté aux autres.

Nous avons survécu pendant des milliers d’années en étant connectés, et ce besoin est aussi important aujourd’hui qu’il l’était alors. Tout comme une alimentation nutritive et de l’activité régulière, les relations sociales sont importantes pour vivre longtemps et en santé.

Dr Scott Lear

Le Dr Scott Lear est un éminent chercheur spécialisé en prévention et en gestion des maladies du cœur. Il est titulaire de la Chaire de recherche en prévention des maladies cardiovasculaires de la société Pfizer/Fondation des maladies du cœur et de l’AVC à l’hôpital St. Paul’s de Vancouver. Il est membre de la Faculté des sciences de la santé et du département de physiologie et kinésiologie biomédicales de l’Université Simon Fraser. Le Dr Lear est lui-même atteint d’une maladie du cœur. Consultez son blogue : drscottlear.com.