Lutter contre les conséquences émotionnelles de l’AVC
Swati Mehta aide les gens à accepter le changement et à se tourner pleinement vers l’avenir
Chapitre 1 Une composante manquante
Pendant qu’elle étudiait au doctorat en sciences de la réadaptation, Swati Mehta a remarqué une lacune dans le soutien offert aux personnes ayant subi un AVC : on ne tenait pas compte de leur santé mentale.
« On mettait beaucoup l’accent sur la réadaptation physique, qui est une composante indispensable au rétablissement », dit-elle. Or, elle a constaté qu’il fallait adopter des approches plus holistiques, en accordant une plus grande attention aux défis de nature mentale et émotionnelle auxquels de nombreuses personnes font face. Les problèmes de santé mentale passent souvent inaperçus et sont rarement exprimés.
« L’AVC peut bouleverser la vie d’une personne qui en subit un. Il peut réellement démolir l’image qu’elle a d’elle-même et altérer le rôle qu’elle joue dans sa communauté », affirme Mme Mehta, maintenant psychothérapeute au Parkwood Institute du St. Joseph’s Health Care London, scientifique au
Lawson Health Research Institute, et professeure adjointe auxiliaire à l’Université Western à London (Ontario).
Alors, comment soutenir ceux et celles qui font face à un avenir bouleversé par l’AVC? Comment assurer leur bien-être mental et les aider à renouer des liens sociaux significatifs? Voilà la lacune que Mme Mehta cherche à combler, avec l’aide des donatrices et donateurs de Cœur + AVC.
Chapitre 2 Accroître les compétences et le soutien
Mme Mehta a mis au point un programme autodirigé à domicile de 10 semaines qui combine des modules en ligne et du soutien offert par une personne. Le tout est entièrement accessible à la maison. « Notre objectif est de créer un sentiment d’appartenance en mettant ces personnes en contact avec divers groupes et en examinant les moyens de les aider à s’impliquer à nouveau dans la communauté », dit Mme Mehta.
Swati Mehta et le Dr Robert Teasell, co-chercheur principal
Le programme de 10 semaines mis au point par Swati Mehta aide les personnes ayant subi un AVC à rétablir leur santé mentale. Il a été rendu possible par les donatrices et donateurs de Cœur + AVC.
Mme Mehta avec l’étudiante qu’elle supervise au doctorat
Le programme se base sur les principes de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), une approche axée sur la cognition et fondée sur des données probantes. Il vise à aider les personnes qui y participent à surmonter des défis comme les pensées et les comportements inutiles, la communication avec les proches, et les problèmes de mémoire. L’intention globale est de donner les moyens aux personnes qui ont subi un AVC de prendre elles-mêmes en charge leur bien-être émotionnel. Mme Mehta recrute 130 participantes et participants pour évaluer l’efficacité du programme dans le cadre d’un essai clinique.
« Une fois par semaine, ces personnes ouvrent une session sur notre portail pour suivre des leçons qui comprennent des vidéos, des animations, des textes et des devoirs », explique-t-elle. « Elles reçoivent aussi un appel ou prennent part à une rencontre virtuelle pour faire un suivi avec une personne formée en santé mentale, qui les aide à acquérir et à mettre en pratique des compétences leur permettant de prendre elles-mêmes en charge leurs symptômes, de même qu’à mettre leurs connaissances à profit pour atteindre leurs objectifs. »
L’interaction individuelle avec un clinicien ou une clinicienne qui a reçu une formation est essentielle, souligne-t-elle. « Chaque semaine, ces guides aident les personnes à mettre en pratique ce qu’elles ont appris en personnalisant le contenu selon leurs besoins, et les motivent à poursuivre le programme. »
Chapitre 3 Des soins holistiques pour l’avenir
Pendant qu’elle élaborait le programme, Mme Mehta a collaboré avec des personnes qui ont subi un AVC. Par exemple, une personne ayant une expérience vécue a travaillé avec un orthophoniste et des animateurs pour orienter la création d’animations pouvant remplacer des mots écrits. Ces éléments visuels peuvent rendre des documents plus accessibles pour les personnes qui ont des problèmes liés à la communication, une des séquelles possibles d’un AVC.
Comment Mme Mehta saura-t-elle si le programme est efficace? L’équipe de recherche mesure la capacité des personnes qui y participent à prendre en charge leur humeur, les symptômes de dépression et leur conscience de leurs propres aptitudes.
Elle note aussi la fréquence à laquelle elles ont recours aux ressources du système de santé (comme des rendez-vous ou des consultations aux urgences) pendant un an à partir de la date où elles commencent le programme. « Nous essayons de déterminer s’il permet d’atténuer le fardeau associé aux consultations auprès de services de santé », dit Mme Mehta. « Nous évaluons aussi sa rentabilité pour nous assurer que les résultats de cette recherche pourront aider des gens partout au pays. »
Mme Mehta est résolue à voir son travail jouer un rôle décisif. « Les soins intégrés représentent mon objectif ultime », déclare-t-elle.
Elle a été ravie d’apprendre qu’en raison de cette étude, elle avait été choisie pour recevoir sa toute première subvention de recherche de Cœur + AVC.
Elle espère aussi que ce financement annonce une transition vers une approche plus holistique du rétablissement après un AVC. « Je crois que cette approche peut réellement influer sur la mesure dans laquelle les personnes s’investissent dans leur rétablissement, acceptent leur incapacité et participent activement dans la communauté. Elle peut contribuer à enrichir leur vie. »
- Apprenez-en davantage sur le rétablissement après un AVC.
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