Dr Philip Barber, chercheur subventionné par Cœur + AVC

AVC

S’attaquer à l’une des principales causes de la démence

Le Dr Philip Barber utilise l’apprentissage automatique pour cibler le déficit cognitif d’origine vasculaire

Chapitre 1 Les patients, source d’inspiration

Le Dr Philip Barber énonce très clairement l’objectif de sa recherche actuelle. Il est spécifié dans le titre de son étude : PREVENT VCI. 

VCI correspond au terme anglais vascular cognitive impairement, ou déficit cognitif d’origine vasculaire. C’est une affection qui touche le cerveau et ses vaisseaux sanguins et qui affecte certaines capacités cognitives, comme l’attention, la mémoire et la résolution de problèmes. Un nombre croissant de personnes au pays (plus de 450 000) en sont atteintes, y compris de sa forme la plus grave : la démence vasculaire.

Le Dr Barber, professeur agrégé de neurologie et de radiologie à l’Université de Calgary, traite des gens qui ont subi un AVC ou un accident ischémique transitoire (AIT), qu’on appelle souvent « mini-AVC ». Motivé par ces patientes et patients, il cherche à comprendre comment ces troubles sont liés au déficit cognitif d’origine vasculaire, et comment réduire le risque que ce dernier survienne. 

Pour prévenir le déficit cognitif d’origine vasculaire, il faut le détecter avant l’apparition des symptômes. Mais comment s’y prendre? 

Chapitre 2 Des indices pour une détection précoce

Comme un explorateur s’efforçant de trouver la source d’une rivière, le Dr Barber cherche des réponses en amont et se penche sur les affections vasculaires qui peuvent entraîner un déficit cognitif d’origine vasculaire, de même que d’autres formes de démence. Avec le soutien de donatrices et donateurs de Cœur + AVC, il étudie des personnes qui ont subi un AIT (en bref, un petit AVC qui disparaît en 24 heures). À l’aide de l’imagerie par résonance magnétique (IRM), son équipe obtient des images du cerveau de ces gens immédiatement après l’épisode, puis un an plus tard, et enfin quatre ans plus tard.

Le Dr Philip Barber marchant dans un corridor du Foothills Medical Centre.

Le déficit cognitif d’origine vasculaire est un problème épineux. « Un grand nombre de maladies sont en cause, et non une seule », affirme le Dr Philip Barber.

Le Dr Philip Barber étudiant des images cérébrales sur un ordinateur dans son laboratoire.

Le Dr Barber se sert de l’imagerie cérébrale par résonance magnétique pour chercher des tendances chez les personnes ayant subi un AIT.

Le Dr Philip Barber discutant avec un collègue près d’un appareil d’IRM.

La recherche du Dr Philip Barber met à profit des données, l’apprentissage automatique et l’IRM pour détecter et prévenir le déficit cognitif d’origine vasculaire.

« Nous dressons un portrait qui nous permet d’observer des changements dans la circulation du sang, la progression de l’atteinte microvasculaire (microangiopathie) et une variation du volume du cerveau », dit le Dr Barber. La microangiopathie touche les minuscules vaisseaux qui transportent le sang vers les zones profondes du cerveau. Elle survient lorsque les parois de ces vaisseaux s’épaississent et perdent leur flexibilité, ce qui réduit le flux sanguin.

Le Dr Barber et son équipe évaluent aussi les capacités cognitives des personnes touchées et analysent leur sang ainsi que le liquide dans lequel baigne le cerveau. Ils cherchent des biomarqueurs, dont des protéines, qui pourraient indiquer la présence de la maladie d’Alzheimer, une autre des principales causes de la démence.

« Nous savons qu’il y a un lien entre les maladies vasculaires et certaines maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer », explique le Dr Barber. En fait, elles ont des facteurs de risque communs, dont l’hypertension et le diabète. « Nous pensons que la composante vasculaire, contrairement à la composante neurodégénérative, peut être évitée dans une large mesure. »

Chapitre 3 Vers la prévention personnalisée

Jusqu’à présent, la recherche révèle que de nombreux changements surviennent chez les personnes ayant subi un AIT.

« Nous avons démontré que leur cerveau rapetisse environ deux fois plus rapidement que celui de sujets témoins en bonne santé, et ce, à peu près dans l’année suivant l’AIT », affirme le Dr Barber. « Nous avons aussi observé des changements dans la partie profonde du cerveau, qui peuvent être en corrélation avec la microangiopathie. » De plus, son équipe a détecté une détérioration de la mémoire et une réduction de la vitesse de traitement de l’information chez ces personnes, même si la plupart sont fonctionnelles. 

C’est une période prometteuse pour la recherche sur les soins de santé.
Dr Philip Barber - Chercheur subventionné par Cœur + AVC

Certaines de ces découvertes ont été rendues possibles grâce à l’utilisation de l’apprentissage automatique de pointe (intelligence artificielle) pour analyser les données et chercher des tendances. « L’apprentissage automatique nous aide à comprendre comment ces éléments pourraient être liés l’un à l’autre, mais aussi comment ils pourraient être associés à certains des résultats que nous visons. » L’objectif est donc de ralentir la progression de l’affection, ou d’empêcher son apparition.

La recherche confirme à quel point le déficit cognitif d’origine vasculaire est complexe, selon le Dr Barber. « Un grand nombre de maladies sont en cause, et non une seule. De plus, chaque personne peut réagir différemment à ces maladies. » 

Il est donc nécessaire d’adopter une approche plus précise et personnalisée en ce qui a trait à la prévention du déficit cognitif d’origine vasculaire. Il cite l’hypertension pour illustrer les variables qui pourraient avoir une incidence. Par exemple, est-il convenable d’utiliser une norme établie en matière de tension artérielle (120 sur 80) chez toutes les personnes? Serait-il plus bénéfique de viser un autre résultat chez certaines d’entre elles, comme 105 sur 65?

Le Dr Barber est convaincu de l’importance des saines habitudes de vie qui permettent de réduire le risque de maladies cardiovasculaires, dont l’activité physique régulière et la réduction de la consommation de sel. « Je crois fermement que l’éducation favorise la prévention précoce. » 

Il compte sur le soutien de Cœur + AVC, de même que sur des avancées en matière de technologie et de capacités de recherche pour faire d’autres découvertes. « Beaucoup de ces biomarqueurs sont observables. Nous pouvons donc approfondir nos connaissances », déclare-t-il. « C’est une période prometteuse pour la recherche sur les soins de santé. »