Julie du Page, ambassadrice de Cœur + AVC

Cœur

Une histoire qui me tient à cœur

Julie du Page, actrice, blogueuse et porte-parole s’ouvre sur son cheminement avec une maladie du cœur. 

Chapitre 1 Un battement affolé

Il y a encore beaucoup trop d’inégalités entre les hommes et les femmes. Encore aujourd’hui, ces écarts se font toujours sentir dans plusieurs domaines, notamment celui de la santé cardiaque et cérébrale des femmes.

Je le sais, car je m’intéresse grandement à ce sujet depuis plus de 10 ans. À l’âge de 38 ans, j’ai appris que je devais subir une opération du cœur par cathéter pour des extrasystoles, une forme d’arythmie. Seuls mes proches étaient au courant. Mes enfants, encore petits, croyaient que maman partait quelques jours en tournage. Je ne voulais pas leur faire peur, même si j’étais terrifiée.

Je vivais avec cette condition depuis l’adolescence, mais elle s’est intensifiée après ma deuxième grossesse. Je vivais de plus en plus d’épisodes d’arythmies, j’étais épuisée, mais ce n’était pas seulement à cause de ma vie de jeune maman. Les changements hormonaux y étaient sans doute pour quelque chose, mais chaque fois que je consultais mon médecin, on minimisait mes propos et on y accordait peu d’importance. Je relatais mes symptômes, posais des questions, en vain. J’avais l’impression de faire perdre du temps.

Julie du Page à la soirée Robe Rouge, Montréal, de Cœur + AVC en 2018

Julie à la soirée Robe Rouge, Montréal, de Cœur + AVC en 2018

Julie du Page à l’animation de la soirée Cœur Québec en 2017.

Julie à l’animation de la soirée Cœur Québec en 2017.

Julie du Page avec sa fille Billie et son fils nouveau-né, Augustin.

Julie avec sa fille Billie et son nouveau-né, Augustin.

— « Ce n’est rien », « on n’en sait pas trop sur les extrasystoles, c’est très courant et plutôt féminin », « ce n’est pas vraiment grave », etc.

Peut-être pas grave, mais je ressortais tout de même avec des médicaments bêtabloquants, ce qui n’est pas anodin!

Chapitre 2 Une oreille attentive

Sportive, j’avais du mal à effectuer des exercices aérobiques sans être essoufflée, voire épuisée. Je n’arrivais plus à dormir et ne faisais qu’écouter les battements irréguliers de mon cœur à travers mon matelas. Une spirale anxiogène dans laquelle je me suis sentie bien seule… Ma qualité de vie de jeune mère en était considérablement affectée.

C’est à ce moment-là que j’ai décidé de prendre ma santé en main et d’être proactive! Ma motivation était telle que je pouvais affronter ce parcours du combattant.

Mes nombreuses recherches m’ont mise sur la piste de la Dre Lena Rivard, l’une des nombreuses chercheuses subventionnées par les donateurs de Cœur + AVC. J’avais lu sur l’ablation par cathéter et, à l’époque, Dre Rivard était la seule à pratiquer ce genre d’intervention au Québec. À peine 15 minutes dans son bureau, j’apprenais qu’effectivement les extrasystoles étaient une forme d’arythmie assez commune, mais que j’en avais tellement, de façon si irrégulière, qu’il m’était impossible de vivre normalement. 

J’étais enfin comprise et entendue. Comme quoi, il ne faut jamais sous-estimer sa petite voix intérieure ou minimiser ses symptômes… Ça valait la peine de me battre et de défendre ma santé.

J’ai pleuré de joie quand pour la première fois j’ai vu à l’écran mon cœur battre de façon régulière.
Julie du Page

Dre Rivard me proposait une solution concrète sous la forme de l’ablation par cathéter. Et, dans mon cas, ce fut un succès. Après une opération de six heures, j’ai pleuré de joie quand pour la première fois j’ai vu à l’écran mon cœur battre de façon régulière.

Chapitre 3 Nouvelle vie, nouvelle cause

Je suis toujours émue lorsque je croise ma cardiologue dans un événement ou un rendez-vous de routine. À jamais, elle sera mon héroïne…

Dans les mois qui ont suivi cet évènement marquant, une personne de Cœur + AVC a communiqué avec moi afin de connaître mon intérêt pour leur cause. Elle ignorait ma situation et comme je ne crois absolument pas au hasard, j’ai vu cet appel comme un signe qu’il fallait que je m’implique! Et depuis, c’est avec beaucoup de fierté et d’enthousiasme que je suis devenue ambassadrice! Toutes les causes sont nobles, mais celle-ci me tient particulièrement à cœur.

Julie du Page qui parle assise sur un divan.

Julie du Page utilise sa plateforme pour faire entendre les inégalités en santé auxquelles les femmes font face. « Toutes les causes sont nobles, mais celle-ci me tient particulièrement à cœur », dit-elle.

Même les manifestations et symptômes peuvent varier entre hommes et femmes. Par exemple, la crise cardiaque chez l’homme se manifeste souvent de façon plus évidente et moins sournoise que chez la femme. Je me souviendrai toujours du témoignage d’une survivante qui racontait qu’en préparant son souper, elle avait ressenti un malaise et une fatigue extrême, mais, prise dans le tourbillon des tâches quotidiennes, de la routine, de sa charge mentale et des enfants, avait poursuivi sa journée. Pourtant, elle avait fait une crise cardiaque.

Cette défaillance du système et ces inégalités envers les femmes se traduisent par des lacunes, tant au niveau de la sensibilisation, du diagnostic, des médicaments, des traitements et des soins reçus en temps opportun. Les statistiques démontrent encore que 45 % plus de femmes que d’hommes meurent de problèmes de santé cardiaque. C’est d’ailleurs la principale cause de mort prématurée chez les femmes au pays. Des progrès ont été réalisés, mais il en reste beaucoup à faire pour s’assurer que toutes les femmes reçoivent les soins dont elles ont besoin. Il est temps de corriger cette injustice.

Écoutez Julie parler de la première fois qu’elle a entendu son cœur battre normalement après une ablation chirurgicale.

Même les manifestations et symptômes peuvent varier entre hommes et femmes. Par exemple, la crise cardiaque chez l’homme se manifeste souvent de façon plus évidente et moins sournoise que chez la femme. Je me souviendrai toujours du témoignage d’une survivante qui racontait qu’en préparant son souper, elle avait ressenti un malaise et une fatigue extrême, mais, prise dans le tourbillon des tâches quotidiennes, de la routine, de sa charge mentale et des enfants, avait poursuivi sa journée. Pourtant, elle avait fait une crise cardiaque.

Cette défaillance du système et ces inégalités envers les femmes se traduisent par des lacunes, tant au niveau de la sensibilisation, du diagnostic, des médicaments, des traitements et des soins reçus en temps opportun. Les statistiques démontrent encore que 45 % plus de femmes que d’hommes meurent de problèmes de santé cardiaque. C’est d’ailleurs la principale cause de mort prématurée chez les femmes au pays. Des progrès ont été réalisés, mais il en reste beaucoup à faire pour s’assurer que toutes les femmes reçoivent les soins dont elles ont besoin. Il est temps de corriger cette injustice.

J’ai eu l’occasion d’animer de nombreuses soirées et levées de fonds. Un des évènements qui m’a le plus marquée est sans doute le comité d’experts de la santé que je dirigeais dans le cadre d’une campagne visant le financement de recherches spécialement axées sur la santé cardiaque et cérébrale des femmes. C’est là que j’ai réalisé l’inégalité qui existe entre hommes et femmes, notamment parce que les deux tiers des recherches et études cliniques étaient, antérieurement, effectués sur les hommes.

Les femmes ne sont pas comme les hommes. Notre cœur et notre cerveau sont différents, la recherche doit en tenir compte. Les femmes ont d’autres facteurs hormonaux qui les mettent plus à risque, tels que la puberté, la grossesse et la ménopause, que les hommes n’ont pas. C’est peut-être mon cas, puisque mes extrasystoles ont augmenté après ma deuxième grossesse.