Changé par un AVC
Chapitre 1 Qu’arrive-t-il à mon cerveau?
Il y a trois ans, j’ai commencé à remarquer que mon bras gauche était un peu engourdi. Je me disais que ma copine avait peut-être dormi sur mon bras ou que je m’étais pincé un nerf. Ça ne m’inquiétait pas tellement.
Quelques semaines ont passé et j’ai remarqué que j’étais maintenant engourdi au visage. Un jour, en route vers le travail, je me suis dit : « Je n’ai pas mal, mais quelque chose cloche. Il faut que je me fasse examiner. » J’ai donc appelé une ambulance.
On m’a fait passer un examen de tomodensitométrie (TDM), puis d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Les spécialistes ont décelé un problème avec les vaisseaux sanguins dans mon cerveau : un « angiome caverneux ». Ils m’ont dit que je risquais une hémorragie au cerveau et un AVC. Il fallait que je sois opéré.
C’était en juin, mais j’avais d’autres priorités à ce moment-là : j’avais plein de plans pour l’été et je devais être témoin à un mariage en octobre. J’ai donc prévu l’opération pour novembre.
Malheureusement, c’était trop tard. En août, j’ai subi un AVC hémorragique.
C’était la pire douleur de ma vie. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Je pouvais à peine marcher et j’avais du mal à parler clairement. On m’a demandé si j’étais saoul.
J’ai dû subir une opération d’urgence qui a duré 13 heures. Ils ont réussi à arrêter l’hémorragie, mais pas à enlever l’angiome au complet. Je me suis réveillé avec une sonde à l’arrière du crâne pour drainer le liquide.
Chapitre 2 Tentative de rétablissement
Après l’opération, j’ai entamé un programme de réadaptation post-AVC. J’étais pressé de le terminer. Je devais réapprendre à marcher, mais j’étais déterminé à avoir confiance en l’avenir. Je me disais que ma vie allait être géniale, que je ne me laisserais pas arrêter par cet AVC. Je n’ai passé qu’une semaine au centre de réadaptation.
Le plus dur a été de constater que ma situation terrifiait mes proches, comme ma mère, le reste de ma famille et mes amis.
Après avoir quitté le centre de réadaptation, j’ai utilisé une canne pendant un certain temps. Ma coordination était mauvaise et je souffrais d’une paralysie faciale et d’un engourdissement du côté gauche. Malgré tout, je m’efforçais de reprendre mon ancienne vie. Je suis allé à la semaine d’orientation à Concordia, où j’étudiais la littérature anglaise. Je faisais la fête comme un fou, même si je ne buvais pas beaucoup.
Je ne voyais pas tout l’impact qu’avait encore l’AVC dans ma vie. J’essayais de prétendre que tout allait bien, mais je cachais une profonde détresse. J’ai eu des problèmes d’anxiété et j’ai pris environ 80 lb. Après la rupture avec ma copine, j’ai finalement demandé de l’aide pour faire de la réadaptation en consultation externe. J’ai aussi décidé de consulter un psychiatre.
C’était le début d’une transformation. J’ai arrêté de faire la fête et j’ai commencé à me mettre en forme et à me renseigner sur la nutrition.
Après quelque temps, j’avais meilleure mine et je me sentais mieux. Puis, moins d’un an après l’opération, j’ai remarqué en m’entraînant que ma main gauche tremblait. On a alors découvert que l’angiome s’était partiellement reformé.
Chapitre 3 Deuxième opération, nouveau départ
Les médecins m’ont dit qu’ils pouvaient m’opérer à nouveau, ce qui réglerait probablement le problème pour de bon. Ils me laissaient le choix.
Les opérations au cerveau, c’est effrayant. Je me disais qu’il me faudrait de la chance pour y survivre une deuxième fois. Après en avoir discuté avec mes parents et ma sœur, j’ai décidé de surmonter ma peur et d’y aller de l’avant. J’étais surtout terrifié à l’idée que mes dommages au cerveau empirent, par exemple au point de ne plus pouvoir marcher du tout.
Heureusement, tout s’est bien déroulé. L’angiome a été complètement retiré; c’est ma mère qui me l’a annoncé alors que je me réveillais de l’anesthésie.
Cette fois-ci, j’ai pris la réadaptation très au sérieux. Au bout d’une semaine et demie, on m’a dit que je pouvais rentrer chez moi, mais j’ai refusé. Je suis resté trois semaines. Contrairement à la première fois, j’ai trouvé l’expérience plutôt agréable. Je faisais de l’exercice tous les jours et je découvrais à quel point les moments de solitude et de réflexion pouvaient être importants.
J’étais de loin le plus jeune là-bas, mais ça me plaisait. Je suis de nature extravertie et je me suis lié d’amitié avec quelques vieilles dames. Nous regardions la télévision ensemble.
Je suis ensuite retourné à l’université et je m’en sortais très bien. Je commençais cependant à réaliser que je détestais mon programme : j’avais plutôt envie d’exploiter mon côté entrepreneur. Après avoir vécu mes deux opérations au cerveau, je me sentais presque invincible. Tout était possible!
Aujourd’hui, à 29 ans, je dirige ma propre entreprise de création de contenus et de balados sur des sujets liés à la santé et au bien-être. J’essaie d’être ouvert à des idées diversifiées, parfois même controversées. Je suis passionné par ce que je fais.
J’ai encore des séquelles de l’AVC : je marche comme un ivrogne, je souris de travers, je prends 2 minutes et demie à lacer mes chaussures et ma force de préhension est faible de la main gauche. J’ai fait la paix avec ces inconvénients.
Pour être honnête, même si j’aurais préféré éviter l’AVC, je dois admettre que je suis bien plus heureux aujourd’hui que je l’étais à l’époque.
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